Toute nouvelle théorie
nécessite une autre notation et
d'autres instruments de musiques

 

La théorie des champs scalaires n'ignore pas la division 8viante en 12 1/2 tons mais cette échelle est détrônée de son monopole afin qu'elle puisse se mêler aux autres à jouer avec les autres. La notation classique, celle de la portée à 5 lignes dessinées pour n'accueillir que « le mode majeur » (sic) et faire de tous les autres modes ses altérations est une idéologie obsolète depuis le XXe siècle. La 2de obsolètude est la notation quantifiée qui oblige à l'exécution. Uniforme de l'exactitude déformée par la certitude de la mesure seule capable à emmener un être humain à croire être exact. Avec les séquenceurs informatiques numériques, nous avons atteint et compris la limite quantitative de l'écriture musicale et de toutes les choses. La raideur désagréable de l'exécution de la musique d'une partition à notation quantifiée qui passe inaperçue en orchestre symphonique, mais qui en petit ensemble, jusqu'au soliste s'empare du 1er plan pour donner à la musique le goût amer d'avoir omis l'essentiel à sonner.

À l'usage, la notation classique ne sert plus à rien qu'à régresser la musique, c'est-à-dire à rejouer encore et encore la musique historiquement passée au présent. C'est une schizochronie : la maladie du regret à vivre triste dans une nostalgie illusoire pour refuser vivre dans le présent ou mieux dans l'instant. Pour quoi justifier son refus de vivre au présent ? Ce présent est-il si douloureux ? Pour refuser férocement y vivre ? Si le présent est si douloureux à vivre, ça signifie que le régime politique imposé est illégitime générateur de souffrances. C'est aussi refuser d'évoluer. Depuis la décision d'égalisation de l'échelle de 12 tons/8ve au XXe siècle [aux intervalles faux par rapport aux intervalles de la série harmonique], la prise de conscience de la polyscalairité (après la polymodalité) ne s'est pas fait attendre. C'est la continuation logique du développement de la théorie musicale occidentale. Et, il est étonnant qu'elle soit ignorée depuis 1924 pour Wyschnegradsky et 1980 pour Shadow-Sky. 1/2 siècle de sonnance, pour 1/2 d'ignorance. Depuis que l'ordinateur peut faire sonner les calculs : l'audition des échelles inouïes n'est plus difficile. Avant l'informatique pour écouter une échelle inconnue on avait besoin d'un oscillateur, d'un fréquence-mètre et d'un magnétophone : le montage d'une échelle prenait un certain temps.

En 2023, il n'existe pas encore de notation de la musique qui puisse noter les milliers d'échelles, les millions de modes et les milliards de gammes. Mais est-ce vraiment nécessaire ? Et, c'est à moitié vrai. Toutes mes propositions de notation à partir de 1980, pour inscrire chaque échelle (qui sont aussi désignées par leur quantification en cent [où l'échelle de 12 tons/8ve se nomme 100]), dans la tradition grégorienne des points pour des notes de musique, le chiffrage de l'échelle est désigné par l'ambitus divisé et le nombre de divisions. Facile ! Mais moins facile, quand l'échelle est acyclique avec un grand nombre de divisions : on pense aux nombres premiers. Une échelle à 127 hauteurs irréductibles prend de la place sur la feuille de papier ou d'écran. Pas facile, mais pas impossible.

Mais tout ça dépend ce qu'on veut entendre. Et d'abord, on ne peut/veut pas entendre toutes les échelles d'un coup, que pour une exception. Donc, à la source, le compositeur fait ses choix : quelles scalairités dans quels champs. Un champ est défini par ses opérations de transformations. Plusieurs champs en jeu, ça signifie plusieurs algorithmes (suite d'opérations) différents en jeu. D'où la sonnance d'une polyphonie d'algorithmes en métamorphoses. Les métamorphoses algorithmiques ne sont pas encore courantes au XXIe siècle. Oui, les champs se métamorphosent aussi. L'évolution de la musique vers la polyscalairité ; évolue aussi la musique vers la polyphonie des champs d'opérations de mutations en transformation, etc.

L'évidence publique au début du XXe siècle de la musique polyscalaire a sollicité les facteurs d'orgues à trouver des solutions à ce que leurs instruments puissent être polyvalents scalairement. Toutes ces nombreuses fabrications instrumentales ont été ignorées du public amateur, clientèle majeure de la musique avant et après la 2de guerre mondiale. Le bon goût de posséder un piano dans son salon, les facteurs d'orgues voulaient le remplacer avec leurs orgues aux divisions fines pour créer la mode du nouveau raffinement de la bourgeoisie urbaine ? Raté ! Ce qui fit oublier ces tentatives, à les rendre mineures, pour ne plus les entendre et les voir disparaître était : 1. l'attachement familial au piano [au XXIe siècle ne reste que Steinway] et 2. l'intérêt grandissant pour les instruments électriques : le piano et la guitare. Puis, après la 2de guerre mondiale, la réalisation d'un instrument aux sons complètement nouveaux : le synthétiseur.

L'intérêt des facteurs pour les échelles inouïes est revenu et est redevenu possible avec les instruments de musique numériques « virtual instruments » avec accès MIDI. Le MIDI est un langage numérique de protocoles d'échange entre les instruments synthétiseurs numériques inaugurés avec le DX7 en 1983 : le 1er synthétiseurnumérique à synthèse par modulation de fréquence [FM synthesis] à pouvoir être joué par les musiciens et non plus à mettre en jeu par les calculs du compositeur. Mais cette synthèse a été abandonnée par la marque par manque de savoir développer la richesse (complexe) que cette synthèse apportait et sa conséquence : l'extension de l'harmonie harmonique à l'harmonie inharmonique. Intension manifeste pour les compositeurs explorateurs de l'avant-garde en usage intense dans les années 80, mais trop étrange pour le monde de la chanson, même de la techno, alors débordante. « Le DX7 ? ben il sert à faire des basses » (sic).

La volonté d'une notation universelle de la musique polyscalaires et des champs multisoniques opérationnels est une idée rétrograde. Tout universalisme débouche sur une dictature de l'uniformisation. La volonté d'une notation universelle de la musique polyscalaires et des champs multisoniques opérationnels en métamorphose, dans la réalité vibrante est possible mais inutile pour la musique. Ce qu'on attend d'une composition, est qu'elle soit originale. Une musique originale dépend de son instrumentarium, de ses modes de jeu, du choix des échelles, modes, gammes, de leurs métamorphoses, de l'intention, etc. Une cuisine sonique où les ingrédients ensemblés avec la recette sont uniques. Une notation universelle contrarierait ce projet. Donc, suivant chaque contexte unique pour naître une musique unique originale, le berceau de sa naissance doit être préparé de manière à favoriser l'originalité du contexte de sa naissance. Tout est là, il n'y a qu'à se servir.

 

 

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