L'Etat-musique C'est vrai Gérard qu'un ensemble déjà subventionné (secouru par la charité, sic) offre l'avantage de ne pas requérir à un budget supplémentaire à payer les musiciens (je vois Monique et toi qui vous êtes démenés pour financer la refonte d'Art Zoyd). Il suffit que l'orchestre soit d'accord. D'accord de travailler dans l'espace-temps inconnu de l'hors-normalité. D'être d'accord de lâcher ses habitudes et le confort de répéter ce qui est su et appris. D'être d'accord d'être sincère et d'avoir l'ouverture d'esprit nécessaire de jouer autre chose qui ne provoque pas obligatoirement l'admiration instantanée du public guidé aux stéréotypes. D'être d'accord de penser aux autres et pas à soi. Ça fait beaucoup non ? J'imagine que c'est ce que tu pensais avec Muzzix, avec la déception d'apprendre leur fermeture d'esprit. Mais quelle aventure ! Car nous essayons là de redonner à la musique ce qui lui a été retiré et ce qui lui manque depuis le déluge de médiocratie qui avec l'arme de destruction massive de la « politique culturelle » s'est abattu sur elle. Et qui sévit encore aujourd'hui dans les esprits majoritairement infectés. Je pense à ce que tu m'as dit, le Théâtre de Valencienne, entre autres, qui refuse encore de diffuser les créations du Studio Art Zoyd ! Nous vivons là, l'apogée de l'hostilité culturelle. Dans les années 80, pour repenser l'orchestre symphonique, j'ai proposé une musique sans partition : « Score Out » qui à l'époque a été rejeté par tous les orchestres symphoniques de France (même Lille), et comme j'étais jeune certains ne se retinrent pas de me cracher leur mépris. Depuis 40 ans, la musique (savante) n'évolue plus. Elle reste fixée convaincue sur les valeurs de la musique classique : un plan minuté à exécuter avec chef (ou/et métronome mécanique). C'est vrai que dans la masse synchronisée, la dictature ne veut pas s'entendre : 100 musiciens qui jouent synchrone épatent bouleversent toujours. Le chef est là, à diriger à la baguette de fer, les désobéissants, les fainéants et se défait des rebelles : comme à l'école, pareil ! Hiérarchie, jalousies, péage (récompense = corruption), horaires syndicalisés indépassables, compétition hors propos, exclusions (punition = châtiment), torture sont le quotidien de la musique d'orchestre du monde du travail (= torture) qui répète le malêtre de nos sociétés piégées dans la domination (du travail obligé = esclavage). Pourtant la vie n'a pas de plan, bien que les dominants religieux avec le monothéisme : le monopole de l'élu contre tous d'1 seul Dieu, puis sa laïcisation politique monoarchique, veulent et insistent à vouloir nous faire croire le contraire. En proposant la sympathie, la responsabilité et la passion dans la résonance de la musique ne peut que donner à entendre (comprendre) l'exemple de sa délivrance. Les premières séances d'exercices soniques avec l'orchestre seront de déconditionner toutes ses hostilités qui ont pour base : la haine de l'autre, au lieu d'être ensemble pour : prendre soin les uns les autres. Non, non, surtout pas une thérapie de groupe qui répète le modèle de la domination qu'elle sert : la psychiatrie est une invention politique pour enfermer les imprisonables dans les hôpitaux-prisons. Dans nos sociétés en souffrance, il s'agit bien de réaliser une musique inouïe et généreuse qui ne passe plus avec la partition au sens où on l'entend : l'ordre extérieur qui demande son obéissance absolue (qui innocente = infantilise, qui déresponsabilise = victimise). La musique pour qu'elle soit sublime et habitée ne peut que venir de l'intérieur de soi, pas d'une commande extérieure à obéir. Oui mais 100 musiciens ? 10 ou 100 c'est pareil, voire moins difficile avec 100, car chacun se perd l'un dans l'autre. Avec 10, chacun s'entend individuellement. Et chacun ne peut être que responsable de ce qu'il joue. J'ai eu la chance de pouvoir organiser les 2. Et le solo, c'est pire que tout. Tu vois Gérard, bien que Cage (quel nom !) John soit passé par là pour ouvrir les esprits (comme Bach à l'époque un John aussi), ils se sont tous empressés à se refermer, à revenir à leurs anciennes habitudes : à ce que leur vie soit dirigée pour qu'ils demeurent innocents (irresponsables = inculpabilisables « c'est pas moi c'est lui » sic) dans la domination hiérarchique est une contradiction en + de l'infantilisation politique du citoyen pour un artiste, ça sonne étrange d'obéir et d'être irresponsable (victime), puisqu'il est supposé être libre, pour pouvoir créer l'originalité (pas copier). C'est exactement dans ce paradoxe, dans lequel nous siégeons (assiégés), depuis l'existence des orchestres symphoniques. Sous l'Empire (de Napoléon III), ça paraissait normal (la patrie faisait du civil patriote un soldat obéissant et meurtrier qui exécute les ordres de tuer), mais aujourd'hui ? après Cage (je dis bien : après, car il n'a que posé l'amorce : avec l'orchestre il ne savait pas quoi faire que laisser faire (Lao Tseu), et qu'avec les « 4 paramètres » HDIT sériels d'alors aléatorisés comme Xenakis, dans une durée fixée déterminée, pour recevoir, quand même, ses droits d'auteurs (anti-Lao Tseu) : eh oui, le prix de la composition est fixé en fonction de la durée du « morceau » aïe : le prix au kilo quoi !). La musique doit dépasser le péage (mercantile) pour libérer les musiciens-ouvriers-esclaves et le compositeur et le chef et tous les autres à faire vraiment de la musique : générer la sympathie (base de la résonance). La musique n'est pas une propriété, un objet de vente. Ni une diversion stratégique commerciale militaire. Une fois jouée elle n'appartient à plus personne, ni au compositeur, ni aux musiciens, ni aux auditeurs, ni aux cultures, mais elle là pour tous. La musique même soliste est une oeuvre collective. La musique ne peut pas s'épanouir dans le monde de l'escroquerie financière et de la propriété de la hiérarchie dominatoire (la compétition exige d'être tous pareils alors que les arts cultivent la différence : sinon il n'y a plus d'art : comme aujourd'hui). La musique ne peut pas se laisser faire chanter, d'être soumise au chantage de l'argent. Quand les musiciens sauront ça, la musique les rerendra heureux à jouer la musique. Notre génération artiste a été massacrée par la corruption de la « politique culturelle » donnée à être dirigé volontairement par des incultes et convaincus de ne pas l'être (définition de la bêtise). Où ils regrettent tous « l'ancien temps » (sic) à faire revivre les reliques « vintage » (sic), mais ne font rien pour se réveiller et se dire : « mais merde ! qu'est-ce que je suis en train de faire ? » à nuire aux autres êtres humains ici et maintenant qui sont vivants. Maintenant, j'écris + avec les mots. C'est vrai que John Cage à fait + de conférences que de concerts ! non, moi je préfère faire la musique. Mais tout ça, personne ne le dit, ou s'il le dit, il est banni. Moi je le suis déjà depuis 35 ans, je n'appartiens à aucune chapelle, école ou genre, alors pour moi, de le dire, ça ne change rien. Mais pour les autres, ce que je dis, leur sert à arrêter de souffrir pour rien. À savoir que la vie même, vivre (et mourir) est « la récompense ». Vivre vibre libre est La musique. Allez, quelle vie ! a+ mathius