Subject: To: "le centre de la bombe" Date: Tuesday, January 10, 2017, 12:04 PM On Tue, 1/10/17, From: Gui Bryennes wrote: Bonjour, J'ai relu notre échange sur la division du monocorde par Vitry. J'en retire cette impression générale que vous semblez considérer une telle distance de Vitry à nous qu'on ne devrait pas être surpris de trouver des intervalles tels que "3ce mineur +~1/4 de ton" ou "4te +~2/3 de ton" dans son échelle des sons. Et que cette distance de Vitry à nous explique facilement que les musicologues actuels se trompent dans leur lecture des choses. Au moment de notre conversation, je n'ai pas approfondi cette idée de distance par rapport à nous. En fait non, Vitry n'est pas si loin. Il est même proche en tout cas pour l'organisation de l'échelle des sons. Celle qu'il propose à travers son texte est une échelle diatonique tout à fait conforme à celle que nous connaissons, procédant par tons et demi-tons (voir plus loin). Les contemporains de Vitry au 14e siècle sont aussi sur la même gamme. Contrairement à ce que vous semblez penser, la musique et sa théorie à l'époque de Vitry sont très bien connues, très bien documentées et très bien étudiées. On peut même dire que l'histoire des échelles de sons depuis Vitry, et même depuis le 6e s. de Boèce, est d'une grande continuité jusqu'à nous et d'une grande cohérence. Rien que pour ce qui est des textes de division du monocorde comme celui de Vitry, on peut en trouver assez facilement, il en existe 150 (au moins) entre le 9e et le 15e s. qui sont connus, analysés et qui permettent de retracer, sur cette période, l'évolution des pratiques et des idées en matière d'échelle musicale et d'accord des intervalles. On constate alors que la méthode de Vitry et l'échelle qu'il construit, si on ne se trompe pas en la lisant, ne diffèrent pas pour l'essentiel de celle de ses contemporains du 14e s. Cette échelle est bien Γ-A-B-C-D-E,... avec un accord pythagoricien (c'est-à-dire un accord qui forme des quintes pures, de rapport 3/2). Si on élargit le champ. On va trouver jusqu'à fin 15e siècle une très forte représentation d'échelles diatoniques et quelques exemples avec des degrés pour les genres enharmonique et chromatique, notamment autour des 11e et 12e s. et qui, majoritairement, s'appuieront pour cela sur les rapports numériques donnés par Boèce au 6e s. Et on aura au long de la période une très forte proportion d'accord pythagoricien des intervalles, ensuite à partir du 14e s. des exemples d'accord harmonique de quelques tierces, et fin 15e un exemple d'accord complet autour de quintes et tierces harmoniques. Je ne détaille pas. Voilà. Vitry, proche de nous. Je vous souhaite la meilleure 2017 salutations, Fracasparis // Ma réponse non envoyée au provocateur, car il ne s'agit pas d'alimenter l'insignifiance de la querelle dialectique. Par contre, pour la compréhension de toutes et tous, je publie ce texte en tant qu'exemple médiocratique de dégénérescence de l'esprit de la musique occidentale. « Vitry du XIVe siècle proche de nous », ça va pas non ! Je ne comprends pas où vous voulez en venir ? : « Vitry proche de nous » ? Pourquoi négliger 6 siècles d'évolution ? L'esprit de l'Ars Nova n'est certainement pas présent au XXIe siècle, car dans ce cas, il n'existerait pas une censure si violente contre le renouvellement de la création musicale. L'Ars Nova INVENTE la polyphonie au XIVe. L'Ars Nova INVENTE le siège, la fondation de la musique occidentale : sa raison savante : la superposition de différentes vitesses à différentes voix/voies qui commence avec la superposition du binaire imparfait au ternaire parfait. Si vous (ne) considérez (que) « la gamme diatonique » qui n'est pas de Vitry, mais de Boèce, voire avant : de Ptolémée, c'est que vous ne comprenez pas l'apport essentiel de l'Ars Nova. Affirmer ou se convaincre que « la gamme diatonique utilisée de l'Ars Nova » (sic) est « proche de nous » : signifie (qu'après + de 6 siècles) nous n'avons pas évolué dans la pratique musicale. Cette gamme pour l'Ars Nova est secondaire, puisqu'elle est reprise à Boèce 8 siècles plus tôt. Aujourd'hui « notre gamme » est égalisée. C'est Johann Sebastian Bach qui au XVIIIe commença l'égalisation par tempérer (accorder des intervalles presqu'égaux) de l'échelle avec ses modes pour pouvoir transposer ses 2 modes majeur et mineur (pour sortir du monoton.e). Au XIVe siècle n'existait pas l'opération de transposition (= « placer le même un peu différent ne se disposait que dans la polyphonie). Puis, + tard au XXe siècle, les nouvelles théories musicales à partir du dodécaphonisme d'Arnold Schoenberg en 1908, en passant par la « pansonorité » microintervallaire d'Ivan Wyschnegradsky en 1930, jusqu'à la musique savante vivante du XXIe siècle des rares compositeurs inventeurs vivants d'aujourd'hui, combattues avec acharnement par les ignorants suffisants et méprisants soutenus par les pouvoirs publics de la « politique culturelle ». Depuis 1970 la Guerre culturelle agit une censure violente de l'intelligence créative artistique avec l'argent du contribuable complice. Institutionnalisée ouvertement en 1981 par la Politique culturelle. L'offensive agit à ce que ces oeuvres (dérangeantes) n'apparaissent jamais sur les scènes nationales (ou les présenter de manière à ce qu'elles n'éveillent pas les esprits, mais les dégoûtent), ça uniquement pour maintenir nos sociétés dans la médiocratie, ce, pour faire accepter la peine de sa servilité à ce qu'elles demeurent gouvernables : et aujourd'hui, cette normalisation est presque achevée et généralisée : car être esclave pour l'employé, ça, lui paraît normal : il n'a conscience de rien. Cette réalité avec nous ici et maintenant au XXIe siècle est autrement + prenante que créer des liens avec un passé au contexte disparu : car ici et maintenant, c'est ma vie avec les autres et la réalisation de ma créativité qui est en jeu (38 années de résistance sous le seuil de pauvreté) ; au lieu de vouloir se convaincre d'un lieu diatonique avec une gamme heptatonique dépassée (un seul mode élu parmi des milliers est le propre de l'idéologie de la domination à vouloir les êtres à l'esclavage, autrement dit : NUIRE POUR JOUIR) qui renforce l'assaut des passéistes (les gardiens de la culture = dressage et sélection, nous disait Nietzsche en 1887) contre les créations originales vivantes. La généralisation des Champs Scalaires Nonoctaviants avec ses millions d'échelles, de modes et de gammes tarde sa floraison depuis 35 ans, justement à cause de cette censure portée haut et fort par la bêtise qui gouverne qu'à nuire (et qui se croit intelligente). Bêtise qui attaque la libre intelligence et l'ouverture d'esprit des artistes (même morts), particulièrement ces faux intellectuels qui débattent à s'emparer de la parole au détriment des autres par la surpublication de livres empoisonnant l'esprit de rhétorique (la fameuse mystification dont parle tant Friedrich Nietzsche). Nous les vrais artistes (considérés pire que les terroristes) sommes les 1ers pourchassés de nos sociétés. Pourquoi ? Parce que nous amenons ce que le politicien et l'affairiste redoutent le + : la liberté d'agir et de penser. Car la liberté de se gouverner (« tout seul comme un grand » sic) rend tout gouvernement de tout gouvernant, obsolète. Notre conversation est clause. Mathius Shadow-Sky Comme je vous l'ai déjà dit, l'apport de l'Ars Nova n'est pas la gamme, mais la FORME POLYPHONIE (si j'ai représenté en graphique sa description des rapports scalaires, c'est uniquement pour montrer l'écart entre ce qui est fait et ce qui est dit : c'est tout). Liens internes concernés : La page de l'Ars Nova et son texte au centrebombe : http://centrebombe.org/livre/Ars.Nova.html Le livre de la création musicale : Dans le Ciel, le Bruit de l'Ombre : http://centrebombe.org/dansleciel,lebruitdel'ombre.html