Le jeu du dépossédé et du possédant

 

 

 

Se faire salarier pour un travail signifie alimenter le jeu de la servitude volontaire. Le jeu du possédant et du dépossédé autorise une dictature des désirs du possédant au détriment du dépossédé qui obéit. Comment tient et est approuvé ce jeu (système de règles sociales) du possédant et du dépossédé ? Uniquement par la volonté du dépossédé. C'est lui qui maintient le possédant dans son état immuable de possédant. Faire des manifs pour être payé plus affirme sa position de dépossédé. Tant que le dépossédé ne cessera pas de jouer ce jeu de dupes : le possédant possède et le dépossédé n'a rien. Le salaire est toujours inférieur aux besoins, le salaire est fait pour activer le crédit, c'est-à-dire payer de l'argent en plus de celui dépensé, c'est-à-dire, être maintenu dans sa dépossession. Ce qui maintient le jeu, c'est la croyance du dépossédé à croire fermement qu'il deviendra un jour possédant. Ce qui est impossible dans ce jeu. Mais c'est ce qui maintient le jeu : et dans le cas contraire le ruinerait. La culture du possédant est de se défendre de l'invasion des dépossédés dans le territoire des possédants. Etre dépossédé c'est être croyant, c'est l'avantage du possédant qui ne croit qu'en lui-même : ses capacités de se maintenir dans la culture des possédants. Un possédant peut être déchu en dépossédé (jamais le contraire, ou trop exceptionnellement). Jamais les dépossédés ne prendront le pouvoir sur les possédants : car leurs volontés, les dépossédés l'ont vendu aux possédants. Les possédants sont les propriétaires des dépossédés et le contraire n'existe pas. Le possédant ne peut gouverner que ceux qui se laissent gouverner. Les ingouvernables restent en dehors du gouvernable : ailleurs, imperceptibles, sans déranger le jeu.

Pour que le jeu cesse, il suffit d'arrêter de jouer. Si tous les salariés du monde se détournent de leur patron : le jeu est gelé : il n'y a plus d'exploitation possible (salaires miséreux contre travail aliénant). Si les dépossédés tournent le dos aux possédants, les possédants perdront leurs possessions, car les fortunes n'existent que grâce au travail des dépossédés. Il n'y a que le travail humain (durée et densité d'occupation) qui accroit la valeur de l'argent misée dans la dette : travail maximum pour salaire minimum pas nul (le travail non rémunéré (pas de salaire) annule la valeur de l'argent : sa croissance : l'enrichissement financier). La valeur de l'argent représente le piège de la servitude du travail (un travail qui ne correspond pas au travailleur). Cette dictature de nos sociétés, on l'a doit uniquement aux servitudes des serviles : aux dépossédés manipulés et disposés à croire tout ce que commande une autorité usurpée (une autorité n'existe que par usurpation, face au bon sens : elle devient inutile et s'annihile d'elle-même). Mais en aucun cas les possédants ne peuvent prendre le pouvoir sur les autres (qui ne jouent pas) par sa seule volonté. Il faut que les autres qui ne jouent pas acceptent cette soumission et ce pouvoir délégué volontairement. Mais quelle personne sensée peut déléguer le pouvoir de sa vie à un autre, à un possédant ? Cet autre, ce possédant qui le prétend, ne peut être qu'un escroc : s'il prend le pouvoir, c'est pour son propre intérêt, pas pour l'intérêt du dépossédé qui ne serait du même coup plus dépossédé et annulerait la position sociale usurpée du possédant et en même temps tout le système du jeu du dépossédé et du possédant. Sans ce jeu, le travail reprendrait sa place oubliée celle de l'épanouissement de soi.

 

Le rôle de l'école dans le jeu du dépossédé et du possédant

Le manque de savoir et de connaissance est la caractéristique majeure des dépossédés. Mais l'éducation (l'école) nationale n'a pas été instaurée pour accumuler de la connaissance et comprendre cette connaissance. L'école a été instaurée pour éduquer le peuple à l'obéissance et à la discipline (Jean Jaures). L'école a été fondée comme une préparation au service militaire afin de former le citoyen-soldat à combattre et sacrifier sa vie pour sa nation (14-18 et 39-45). Aujourd'hui l'école dégoûte du savoir pour que le dépossédé ne puisse jamais ouvrir un livre et réfléchir. Tout savoir est présenté à l'école comme inaccessible (incompréhensible) et sans intérêt (« masturbation d'intellectuels »). C'est un « bourrage de crâne » sans tenants ni aboutissants qui n'intéressent forcément pas l'élève. Les diplômes pour accéder au professorat demeurent volontairement stupides : ingurgiter et débiter de l'information (souvent fausse) sans réflexion, et la majorité des professeurs d'école continuent cette même idée : faire ingurgiter et faire débiter sans réflexion de l'information rendue sans intérêt à leurs élèves. Le C.A.P.E.S., le Certificat d'Aptitude au Professorat de l'Enseignement Secondaire n'a pas bougé depuis 1945 et ne bougera pas dans l'idéologie d'une école nationale de formation disciplinaire et d'obéissance. Le seul enseignement censé être indépendant de toute volonté nationale de l'Etat est l'université (qui veut dire : communauté indépendante). L'université est censée offrir un enseignement gratuit sans tendance et sans profit, c'est en ce sens qu'elle a été créée au XIe siècle. Mais en France la seule université qui permettait aux non-bacheliers de suivre des cours universitaires était l'université de Paris VIII Vincennes puis Saint-Denis : les politiciens se sont acharnés à « normaliser » cette université, c'est-à-dire : interdire les cours aux non-bacheliers, interdire le choix libre des cours et réinstaurer les cursus obligatoires en 1987 (des cours obligatoires pour accéder aux diplômes), empêcher de donner des moyens de travail par des restrictions budgétaires permanentes, etc. : aujourd'hui l'université est soumise à l'Etat. Mais pour la santé de son savoir, elle devrait sortir de cette soumission, sinon elle n'est plus une université, mais un centre de formation soumit au contrôle de l'idéologie autoritaire et totalitaire de l'Etat (un système étatique ne peut être que totalitaire).

 

 

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