à chaque fois c'est pareil |: on crée un nouveau système pour se libérer de l'ancien système devenu carcéral qui à l'usage deviendra lui-même carcéral [2] :|

L'écriture

n'est plus ce qu'on croit

 

pas Ø ni néant ni rien mais tout

pour répéter le même

L'écriture a la fonction et est un procédé qui fixe l'usage des idées exprimées par la langue [1] (signifiée ou non) un désir d'arrêt du temps (grave l'éphémère, occupation sédentaire, marque de son passage nomade), conserve la pensée (classée et rangée), la communique (pour la répéter) et la développe. L'écriture permet à la pensée (la composition des idées) de se réfléchir puis de se déduire, opérer des connexions analogiques et des rétroactions. Dans ce sens, l'enregistrement et la diffusion audio et vidéo sont une écriture. L'écriture organise sa pensée en fonction des combinaisons possibles d'un langage qui se vérifie ou pas dans son existence sachant que l'imaginaire fait partie de l'existence (l'insignifiable signifié). Tout ce qui conserve et communique avec un codage comme le simple [|< □ || > >|] <=> [reculer, stop, pause, lecture, avancer] est écriture. Le cinéma est une forme de l'écriture, comme tout art (qui se compose de signes), tout comme le son, objet conservé et communiqué graphiquement et depuis le XXe siècle par l'enregistrement magnétique puis numérique (au-delà de la durée d'une vie humaine). L'enregistrement du son et des images fixes (photo) et mobiles (cinéma) a développé une autre forme d'écriture que celle manuscrite des lettres et des idéogrammes (calligraphie). La notation musicale du XXe siècle a transmis un élargissement des signes du vocabulaire musical principalement dans les « modes jeux » instrumentaux, bien que la généralisation de l'ordinateur personnel avec des programmes générateur de partitions aient contrarié l'évolution de l'écriture de la musique (l'algorithme est une boucle opérationnelle qui ne peut que répéter le même, avec d'infimes variantes grâce à l'erreur). Pour développer la spécificité d'une écriture musicale, seuls des programmes graphiques non musicaux permettent d'éditer ses spécificités. Les outils de l'écrit sont innombrables, mais à la fin du XXe siècle le stylo à bille (bic!) a été (presque) remplacé par l'ordinateur personnel, dont sont clavier d'accès est calqué sur le modèle de la machine à écrire du XIXe (obsolète aujourd'hui). Au XXIe siècle, pratiquement tout écrit s'enregistre et se communique avec et dans l'ordinateur (computer = calculer : un ordinateur pour les francophones ordonne et pour les anglophones calcule) avec les informations « gravées » sur des « disques durs » (disques laser emboités) et des « mémoires vives » (flash drive, clé USB en français) périssables. L'avantage de l'écriture numérisée ? ne tient qu'à sa publication immédiate dans le réseau (dans sa forme éditée) Internet. Mais écrire sur des feuilles, dans un carnet avec un stylo, préserve la différence des écrits (manuscrits) impubliés, l'écriture numérique uniformise le graphisme écrit publié (généralisant la vision par l'intermédiaire d'écrans lumineux qui bouchent la perception du réel pour le remplacer par « la réalité virtuelle » sic). Stylo et ordinateur, ce n'est pas le même coût pour écrire. L'assimilarisation est une décadence de la diversité.

Inscrire un son, l'en-registrer est une manière de fixer la sensation (pour se la répéter avec exactitude) : le son re-émis identique est le résultat de cette écriture (de l'audible sans signifié pour la musique et signifié pour la parole ou entre les deux vit la poésie). La volonté d'écrire des partitions graphiques pour une musique électronique ou concrète enregistrée magnétiquement est un doublon de 2 formes d'écritures différentes pour la même chose. Utile ? L'écriture graphique de la musique électronique, si le son est perdu, offre la possibilité d'une réinterprétation d'une recréation que l'enregistrement magnétique/numérique sauve-gardé n'offre pas, mais permet d'entendre le (même) résultat dans l'immédiat (le temps du chargement).

Écrire pour obtenir des inexactitudes est un paradoxe qui a été proposé par les compositeurs du XXe siècle avec « les oeuvres ouvertes » (sic). Oeuvres dénigrées parce que le musicien peut décider (sic). En effet, la valeur d'une partition au XXe siècle reposait sur son degré à répéter l'exactitude (de l'ordre) où le musicien ne peut qu'être une machine exécutante : un exécutant, pas un interprète. Les conservatoires (militaires) de musique institués par Napoléon Bonaparte forment toujours pour obéir.

Mais d'où s'entend le son ? La sensation de la réception du son est-elle vraiment localisable ? Dans l'oreille ? dans la tête ? et la vibration focalisée en elle-même qui déplace la matière en chaîne, est-elle entendue à la localisation de sa source ? ou le temps qu'elle met à parvenir à notre système auditif d'encodage ? Comment localise-t-on le sens d'un son, sa place, alors qu'il met un certain temps à être perçu (~330 mètres/seconde à 20°C) et reconnu dans la chaîne de perception ? Quoi émet la sensation de l'audition (et son objet le son) ? Le message électrique cervical qui identifie la vibration comme son ? Mais quoi rend compte de cette identification ? La mémoire d'un son reconnu. Imité et retransmis ? Notre système de perception est aussi une écriture : il enregistre et communique (même s'il ne parle ni ne phone pas). Il communique par la reconnaissance (de l'apparition du similaire). La question : où entendons-nous le son ? dans sa source d'émission ou dans sa source de codage ? qui nous transmet avec, le message de sa localisation encodé, permet de penser que la pensée elle-même est une écriture alimentée par nos percepteurs et nos émetteurs dont les sensations sont accumulées dans nos mémoires.

Mais l'écriture, dans l'esprit de chacun, reste encore graphique : visuelle. Avec l'ordinateur et son écran, le son est devenu visible, visuel, graphiqué par sa représentation ondale. Sa représentation sonographique n'est retenue que par quelques programmes principalement issus des instituts spécialisés (de physique acoustique et des instituts de la musique en déclin). L'image photographiée ou filmée sortant de la symbolisation graphique et n'ayant pas un signifié direct (comme le symbole ∏ pourrait désigner une table). Pourtant, le cinéma est devenu plus que le livre, un moyen d'accès immédiat à la connaissance (= savoir moralisé), car son accès n'a pas (le barrage du) codage du graphisme écrit. Le film ne rapporte pas, il émet. Comprendre un film ne nécessite pas un apprentissage de l'écriture filmique comme l'écriture graphique. Une personne illettrée comprend le film, même si elle ne comprend pas la langue si le film utilise les codes culturels de sa civilisation (occidentale, proche-orientale, orientale, africaine et des cultures minoritaires plus locales).

Nous sommes passés à la phase 3 de l'écriture. De l'écriture manuscrite 1, à l'écriture mécanique (l'imprimerie) 2, à l'écriture numérique multimédia compilée du langage binaire électronique on/off, 0/1 à base d'électricité et de mathématique logique et en multicouches [3] et connectée 3. En plus de l'écriture originelle transmise par l'oralité et l'imitation (sans outils). Nous vivons avec les 3 phases de l'écriture en même temps et, avec la phase 0 (zéro) = donnée de la pensée transmise et mémorisée. L'écriture électronique multimédia rejoint copie la forme des transmissions électriques cervicales, mais n'a pas encore opéré les connexions Internet-cerveaux directes (2012-19), pour cela il faudrait comprendre le fonctionnement du cerveau, mais pour l'instant la neurologie, par manque de données sues, fait de la géographie cervicale. Et, en quoi serait-ce utile ? Une interface qui se passerait de graphismes.

Le réseau Internet communicant et mémorisant est une autre forme d'écriture, celle communicante en réseau. Internet permet la publication immédiate de l'écriture, de tout écrit quel que soit le média : audio, vidéo, texte, images, graphismes, tous, des moyens de transmission de la pensée imaginaire binérisable (des mots de 8 bits dans les années 1980, nous sommes passés aux mots de 64 bits au XXIe siècle). L'imprimerie mécanique demande une procédure industrielle composée de matière première (le papier) et de droits d'auteurs (pour faire valoir le travail de l'éditeur et payer l'imprimeur) et d'intermédiaires qui pratiquent un choix et obligatoirement une censure. L'abondance de publication dans le réseau, démocratisé sous la forme du blog qui permet de ne plus se soucier du contenant : la création et la gestion du site web, ou encore plus, l'utilisation abondante des « réseaux sociaux » pour publier sa quotidienneté, montre cette soif d'écriture de chacune et chacun et dont l'industrie de l'édition mécanique empêchait son épanouissement. Il n'est pas vrai d'affirmer que le réseau ne demande aucune matière première. Les ordinateurs maillons du réseau avec ses périphériques nécessitent entre autres des matières rares comme le lithium (utilisé dans les ordinateurs portables, téléphones et caméras numériques) et autres, la cause majeure dissimulée de la guerre en Afghanistan pour la souveraineté d'exploitation de ses mines ; ou le développement de nanotechnologies déjà présentes dans les écrans plats. La consommation électrique va grandissante au prorata des machines connectées, mais surtout du stockage massif dans des millions de disques durs en batterie accumulés au même endroit en surchauffe. Et le recyclage des machines obsolètes n'est pas encore réglé, mais alimentent les poubelles de l'Afrique et de l'Inde seuls pays a accepter ces déchets toxiques, dont la santé n'est que peu considérée. Quand le marché et l'industrie règlent la durée de vie d'une machine à 3 ans avec un système d'exploitation à 5 ans, on n'imagine pas la quantité colossale de machines jetées aux ordures comme les milliards d'écrans cathodiques ou imprimantes à aiguilles, rien que pour donner une idée des montagnes.

La phase 3 de l'écriture est définitivement multimédia et électronique (dans le périssable des ordures), jusqu'à s'interposer dans l'instant avec ce qui est nommé la « réalité augmentée » pour surinformer (= désinformer) l'ici et maintenant de chacune et chacun (devenus incompétents à agir de soi par soi ? = à vivre indépendant). Aussi, le dernier (ou le premier) apport de l'écriture électronique est : l'interactivité (clic) . La possibilité au lecteur-spectateur d'agir dans l'écriture, dans l'oeuvre écrite. Le « zapping » est la première forme d'interaction apparue au spectateur (aussi éteindre le poste) pour éviter ou amoindrir « le lavage de cerveau » télévisuel. La propagande (par l'inculcation de la croyance) s'est développée au prorata du nombre d'écritures développées, ce, pour maintenir un conditionnement profitable aux exploitants (les exploités dans l'ignorance se ravissent du confort). Dont la forme sublimée est le mensonge par omission, la généralisation de l'hypocrisie et la diffusion de fausses vérités qui répétées deviennent assimilées à être crues vraies. Le meilleur des mondes avec le sourire masquant l'ultraviolence. Dans le jeu « vidéo » règne l'épanouissement de l'interactivité (aux manettes) : ce sont les jeux issus de la simulation « 3D » (pour l'apprentissage des pilotes d'avion de l'armée et civile datant des années 60) (3D pour perspective pas espace tridimensionnel) dont les plus populaires sont des jeux de simulation de guerre FPS (first person shout). Ça ressemble à un exutoire de notre ultraviolence subie, vécue en société : les nôtres hostiles . Ultraviolence quotidienne pour maintenir le salarié-consommateur dans son obéissance et sa performance, en contrepartie de la menace du désoeuvrement dépressif dans le chômage.

Les domaines d'écriture collaborative pour un apport de connaissances communes des encyclopédies connectées dont Wikipedia est leader, acquis par Google, n'a pas de concurrents (Wikileaks gère les fuites des secrets politiques, qui révèlent aux gouvernés le haut degré de mensonge des gouvernants). Cette plate-forme est un lieu de guerre de dominations et de pouvoir où la connaissance est déformée en fonction de l'intérêt personnel des rédacteurs qui deviennent « les gardiens de l'ignorance ». Pourtant, le but principal d'Internet, souhaité par tous, semble être une transparence de l'information en contradiction avec la propagande régnante du sens unique qui s'acharne à créer des murs infranchissables dans le réseau. En réalité, chacun qui le peu crée un mur un barrage à sa « contribution ». Les mêmes comportements de manque et de peur sont réagis dans le réseau « à mesurer la surface de sa propriété » mal acquise et en interdire l'accès aux autres. Aussi des tentatives de réseaux dans le réseau de démocraties participatives (de vote en ligne comme Avaaz entre autres défendant des valeurs de tolérance et aussi d'intolérance, une moralité de l'ingérence parfois suspecte : MOMO = Moralisateur de l'Odre Mondial Occidental). L'interactivité créative au XXIe siècle a été mise de côté, cet outil extraordinaire ne semble pas avoir été compris ni ressenti nécessaire par les utilisateurs. La peur du manque est trop forte. Internet est devenu une zone de guerre. Ce qui reste compréhensible puisque nos sociétés obéissent encore à un régime esclavagiste qui ne permet pas de prendre des décisions soi-même, sans se référer à sa hiérarchie, à « son supérieur » (sic) ou demander la permission : « on a l'droit ? » (sic). L'interactivité créative reviendra quand les esclaves se libèreront d'eux-mêmes (on va attendre encore longtemps). Un programme multimédia comme Director (= réalisateur) ne s'est pas développé et n'a créé que peu d'émules. Seul en musique un programme domine par ses possibilités d'interactivité interconnectées et par le nombre de ses utilisateurs : Max/MSP puis PureData créé par Miller Puckette, un programme qui a créé les musiciens-compositeurs-programmeurs.

La forme de l'écriture électronique est particulièrement prédisposée à l'échange au partage qui dans le réseau efface toute hiérarchie et autorité et les obstacles à la publication. L'absence de censure ou d'une censure non effective explique l'abondance de publications. Le filtre du mérite n'existe plus. Ceci explique le combat acharné des politiques contre les libertés exprimées dans le réseau Internet, mais pour eux ce combat est perdu d'avance, car l'architecture d'Internet peut tout sauf interdire, la forme même du réseau n'est pas hiérarchique avec des sens multiples, pas un seul unique (uniformisé dans un uniforme) et ne peut pas développer la forme pyramidale du pouvoir dans sa globalité. Le pouvoir est dilué au nombre de personnes connectées qui interagissent dans le réseau. La phase 3 de l'écriture multimédia en réseau ouvert ne change pas l'état d'esprit et les régimes politiques totalitaires des nations à gouvernance unilatérale, efface même la notion de nation (d'enclos) pour la transposer ailleurs dans les « réseaux sociaux » fermés. Le réseau Internet lui-même n'a aucune frontière (d'un réseau qui s'étend dans toutes les directions) que la langue parlée, mais qui ne s'efface pas avec l'anglais langue mondialisée et les traducteurs automatiques. La culture des coutumes est intraduisible et incompréhensible aux autres étrangers. Internet a été créé dans l'esprit libertaire des années 60. La forme du réseau est celle des matrices des nombres complexes infinis à connexions infinies. Des nations totalitaires comme la Tunisie, la Birmanie ou encore la Chine, la France et les États-Unis n'ont pas réussi à restreindre le champ de liberté de navigation de l'internaute (même avec le détournement du sens des mots, les mouchards en pagaille « malware » de l'Internet). Des programmes-pont permettent toujours d'enjamber l'interdiction, de déverrouiller les portes fermées à clé, de faire tomber les murs enclos. Des programmes-clé permettent d'ouvrir l'accès aux programmes abusivement propriétaires et la notion de propriété avec Internet vacille, deviendra-t-elle obsolète ? Les propriétaires des appropriations usurpées s'accrochent pour le pire. Ça va prendre du temps. Le choix entre la gratuité (Linux) et le design fermé de l'utilisateur obéissant, à payer + cher, prêt à l'emploi (Apple) : les clients choisissent le plus cher pour obéir. Pourtant, la volonté monopolaire d'Apple est hors propos dans le réseau avec celle de Microsoft qui ne lâchent pour rien au monde leurs « routines » hégémoniques dissimulées dans leurs systèmes d'exploitation et leurs programmes pour s'autoproclamer « Big Brother » au prorata des milliards de dollars accumulés. Pour que les produits Apple soient vécus en objets de culte, ça montre le niveau de soumission et d'ignorance infantile auquel ses clients sont assujettis. En réalité, nous n'avons pas encore intégré l'écriture dans sa phase 3 (qui n'a que publiquement 22 ans en 2012), car cette écriture a été transformée en arme de guerre contre nous-mêmes, ce qui freine à son épanouissement. La multiplicité des différents champs d'action reliés de l'écriture « multimédia » demande un « esprit de synthèse », contrairement à « l'esprit de spécialiste » exigé jusqu'à présent dans le monde de la division du travail, qui connecte dans l'instant, avec des mémoires effectives à comprendre et agir l'usage, de ces différents outils de langages de l'écriture électronique. Ça devrait développer un imaginaire re-liant qui navigue par questionnements dans cette écriture multiple (texte, audio, vidéo, pour le côté visible de l'iceberg). Une caméra est devenue plus facile à manier qu'un stylo, écriture manuscrite abandonnée pour le clavier. Tout autant que l'écriture manuscrite, l'écriture à la caméra demande une sémantique et de l'entrainement pour être « captivant » d'un sens de ce qui est dit, non, que l'objet filmé interpelle : avoir quelque chose à dire aux autres avec un savoir-faire original, à agir dans ce champ 3 de l'écriture dont joue la créativité artistique à détourner ses armes de guerre en objets de sympathie.

 

L'écriture, créatrice de temps : 2 miroirs de la temporalité inaccessible qui nous fige dans le présent et le fantasme de l'éternité

L'écriture amène une dimension temporelle supplémentaire en plus de l'oralité. L'oralité est une manifestation du présent, elle est le présent vivant agissant dans l'instant. L'écriture, qui demande une figuration (un code de représentation), agit aussi dans le présent tout en se destinant à un futur (une communication aux futures générations). On écrit dans la solitude, on parle en société. Un livre est une communication de son auteur mort : de sa manière de comprendre le monde, de son imaginaire, une synthèse de son état d'esprit. Ecrire c'est mourir un peu. Ecrire c'est aussi se destiner à l'éternité : l'ouvrage de l'auteur lui survit (s'il est considéré, sinon il tombe dans l'oubli malgré sa présence quelque part dans des archives, bibliothèques ou médiathèques). L'écriture crée le passé. Un ouvrage est daté. Carbone 14. L'écriture crée l'histoire ou un semblant d'histoire humaine (une histoire) : une manière désespérée de s'accrocher à la durabilité, autrement dit à l'éternité. Notre civilisation occidentale redoute l'éphémère, redoute sa disparition. Pour accumuler autant d'archives (et de propriétés d'auteurs). Mais toute civilisation disparait, après un temps de vie. Et les documents prouvant son existence sont quasi inexistants : ils disparaissent. La signification des écritures mortes est une interprétation de nos archéologues, basée sur une idée. Notre idée crue et majeure de « l'évolution de l'humanité ». Une mécompréhension des idées darwiniennes. Une croyance qui permet de se flatter au détriment de nos ancêtres. « Les ancêtres morts ont toujours tort » pour valoriser le présent de la nouvelle génération (ars nova / ars antica). Mais nous ne sommes pas plus intelligents que nos ancêtres, voire sans doute moins : le conditionnement du confort idéalisé ferme l'esprit. Notre civilisation souffre d'un manque d'ouverture d'esprit. Par un excès de confort qui est le signe de sa décadence, et qui provoque sa médiocratie. Mais l'accumulation d'archives écrites du passé étouffe le présent. L'action dans l'instant : l'improvisation. La référence historique écrite est l'arme de l'intellectuel et du politique : qui confirme la véridicité de sa pensée ou de son idéologie est bien sûr une illusion, puisqu'utilisée par autorité. C'est un outil persuasif de domination : on croit à l'écrit, pas à la parole. Contrat « de confiance » écrit et signé. Mais toute écriture décontextualisée est l'objet d'une interprétation, d'une approximation, d'un re-présent, d'une re-présentation : une remise au présent d'une présentation non identique de l'ouvrage pensé issu du passé. Une interprétation écrite. L'accumulation colossale d'ouvrages écrits vient à étouffer l'expression du présent. La parole obéit à l'écriture (lois). La référence au passé pour vérifier la véracité est un faux semblant qui ne peut convaincre une action dans l'instant : car elle est figée dans la mort de l'instant passé recontextualisé. La culture du mort-vivant. Le paradoxe de l'écriture réside dans l'expérimentation du temps : elle communique avec le futur et son passé envahi le présent au point de ne plus pouvoir agir dans le présent.

 

L'oralité vit le présent,
l'écriture vit et présente le futur (les générations futures) et représente le passé.
L'écriture du présent permet de comprendre et approfondir sa pensée
par la distanciation de soi avec ce que représente le signe.

 

L'oeuvre écrite et le temps (1ere partie)

Une oeuvre fermée (achevée) d'un seul auteur scelle sa temporalité et devient une borne (un repère) temporelle dans l'histoire de sa civilisation : elle répète comme un éternel retour les idéologies et les croyances du passé arrivées dans son contexte présent. C'est dans ce sens que les idées de Platon et d'Aristote restent encore d'actualité 2500 ans après. Les idées restent les mêmes dans la vie d'une civilisation. Dans la seconde moitié du XXe siècle, il y eut une tentative « d'oeuvres ouvertes » où le principe de la linéarité déductive avec un commencement et une fin était remis en question. Mais ces oeuvres sont signées et ne peuvent s'ouvrir à une lignée pour leur propre évolution, c'est-à-dire interagir et se refaçonner par les générations futures ou se transformer dans le temps. Le droit d'auteur empêche aussi l'ouvrage de vivre sa propre vie. La signature, la propriété obligent au « respect de l'oeuvre » (un euphémisme pour dire : payer l'usage de l'oeuvre propriétaire) achevée qu'à la consommer et non à la retravailler. Pratique qui sollicite le plagiat (éducation par l'imitation) au lieu de la recomposition (bien qu'il existe quelques rebelles). Mais ces pratiques ne se retrouvent pas dans la recherche scientifique ou moins : ce qui compte plus est la découverte plus que l'oeuvre (pas pour tous). Toute oeuvre est un ouvrage écrit qui s'attache à son auteur par le style (la manière de faire, de penser), mais pas par les idées. Les idées ne sont pas uniques, mais communes à la civilisation : elles se répètent pendant sa durée de vie, les mêmes dans différents contextes. Ce qui est unique à chacun est la combinaison des idées, les alliages et la manière de les traiter (le caractère, la marque d'indépendance). L'écriture renvoie au passé (une date passée), car elle se destine au futur qui devient présent. Les études (scolaires, universitaires) sont des études des idées du passé dans l'idéologie d'une « évolution » : de la bêtise à l'intelligence, de l'incompétence au savoir-faire, de l'ignorance à la connaissance, etc., qui est confondu avec « l'évolution de l'humanité ». L'humanité n'évolue pas, mais il y a des civilisations qui vivent un temps et meurent. Une civilisation tient (se maintient en vie) avec les idées que les humains ont de l'humanité : leurs croyances. Tant que ces idées survivent (sont en adéquation) avec son environnement, la civilisation reste en vie. A partir du moment où ces idées ne le sont plus, la civilisation disparait pour qu'une autre apparaisse à sa place. Ainsi va le monde des civilisations. En Occident [4], le passé fait autorité.

 

 

Notes
[1] Une langue est un système de signes, communs aux humains qui la pratiquent (à partir de 2). La langue cultive l'étranger : ceux qui ne comprennent pas, mais constitue le moyen de communication de l'humanité : le fait de se comprendre. Une langue est un système de signes susceptibles d’être compris ; quoiqu'il existe des langages secrets codés ou non. Le langage est la faculté d’exprimer l'idée pensée et la communiquer (au moyen d’une langue : phonique (parole, tambour ou cloche), des signes (des gestes), morse (abandonné), sémaphore (disposition de pavillons à bout de bras dans la marine britannique), etc.). Dire que la musique est un langage, c'est réduire la musique qu'à sa fonction communicante visible.
[2] Du latin classique « carcer » = prison. Pénitentiaire de pénitence et -aire ; du latin classique « paenitentia » = regret ; du latin classique « paenitens » = qui éprouve du regret, participe présent de « paenitere » = éprouver du regret.
[3] Composé de langages (informatiques = machine) compilés, entre le codage binaire 0-1 et la représentation à l'écran, cachés aux utilisateurs : ce qui permet la manipulation dissimulée algorithmique du codeur-programmeur : pratique banalisée et généralisée dans les réseaux sociaux fermés : domaines privés du réseau Internet où la vie privée de ses membres est violée. La programmation de « mouchards voyageurs » (dans les cookies) qui s'emparent de l'information privée pour la retenir et la vendre aux entreprises de ventes pour « cibler » (sic, à lui tirer dessus) la clientèle, à fixer le comportement par quelques clics, relève de la bêtise agressive des publicitaires et des commerçants à désespérer de s'enrichir à nuire aux autres, bien que l'architecture du réseau Internet soit ouverte (multisens sans hiérarchie), ça n'empêche pas toutes ses malversations d'agir automatisées en permanence, dont les premiers criminels sont les gouvernants eux-mêmes. Voire, ça rend le Jeu de la Guerre encore + excitant.
[4] OCCIDENT ET LA MORT Sachons que le mot masculin « occident » en ancien français signifiait : tueur. Occident à même racine latine qu'occire : « aucidere ». Occident du latin « occidens », participe présent de « occidere » composé de « ob-» = objet et « cadere » = tomber (qu'on ne retrouve pas dans « sidérer » du latin « sideris », génitif de « sidus » = astre). Occident signifie : périr en tombant à terre. Et par extension, le lieu où le soleil périt (se couche). Au XVIe siècle occident prend le sens de ruine et déclin. Puis majusculé, il désigne les peuples tueurs des empires du soleil couchant.

 

 

mise au point

la musique réduite au langage
la musique réduite au sentimentalisme
la musique et la théorie

La musique ne se réduit pas à l'expression des sentiments. L'erreur, la confusion, l'a priori de sa diversion ou de sa sympathie, réside dans cette réduction : la musique n'a pas la fonction d'exprimer la sentimentalité. La sentimentalité est la projection d'une audience en manque, une imposition à la musique pour la reléguer à divertir. C'est en ce sens que l'on croit la musique être un langage : « qui parle aux sentiments » (sic). La communication de sentiments, joie, tristesse, confiance, assurance, angoisse, peur, effroi, suspens, etc., réduit la musique à un langage sentimental stéréotypé (sic). C'est pour ça qu'un professeur de musique d'école (« primaire » sic) va « expliquer » (sic) la musique par « le sentiment (cru) que la musique dégage » (sic) croyant sa réalisation « en fonction du sentiment dans lequel le compositeur a dû la créé » (sic) : ce qui est mensonger, absurde et inutile à la connaissance de la musique. La réalité est que c'est l'auditeur qui projette son sentiment sur ce qu'il entend (comme croire le mode majeur gai et le mode mineur triste). Si la musique était réduite à la sentimentalité, sa production serait pauvre et ennuyeuse (on retrouve cet ennui dans la musique stéréotypée pour le cinéma). Et heureusement, ce n'est pas le cas ailleurs, où depuis 40 ans plus personne n'entend rien.

Nous avons la capacité de distinguer LANGUE de LANGAGE : la langue fait parler (le chant fait parler, pas le contraire), le langage est un code, un système de signes. Système = institution de correspondances immuables. La théorie n'est pas un système, car contrairement au système (qui fait la machine, répétante) ses correspondances ne sont pas immuables. Elles évoluent, se modifient en fonction du contexte. La théorie est un système ouvert, car ses correspondances changent en fonction du contexte qui diffère dans le temps et l'espace, là où on est au moment donné avec les autres. Ou un système de correspondances adaptatives pour comprendre le monde qu'on vit. L'exemple de la théorie de la musique occidentale est parlant. L'étymologie de théorie est intéressante, car son sens premier ne correspond plus à son sens dernier. Théorie signifiait (avant Platon) : consultant d'un oracle et délégués d'une manifestation religieuse (à la fois croyants et prêtres dans le contexte polythéiste). « Theoros » a de nombreux dérivés en grec, de l'oracle à la considération. Le préfixe « théa-» = représentation, spectacle = théâtre attaché au suffixe « -oros » = qui observe pose le théoriste en spectateur, mais non passif. (Le glissement de sens de « thea » = représentation à « theo » = dieu (= jour) a été retenu par les croyants monothéistes pour donner raison à l'obéissance de la parole de Dieu, écrite par les humains, traduit en : « qui observe la volonté de Dieu » sic, est bien sûr un dérivé sémantique opportuniste et faussé comme les sens détournés des mots paradis ou saint). La théorie avec Platon s'attache à penser (= spéculer pour donner un sens en réfléchissant) l'observation et la considérer pour la comprendre. Mais le sens fondateur de théorie reste : considérer (le spectacle de la vie) pour prendre une décision. La fonction des théories est de donner à pouvoir prendre des décisions.

 

 

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