Quels sont aujourd'hui les niveaux des connaissances concernant

la perception de la musique et du reste ?

 

LE CONDITIONNEMENT
(premiers jets épars)
fokça éclabouse

 

Un trop

Le conditionnement qui nous concerne n'est pas celui de Pavlov, à savoir « les réponses de l'organisme à une stimulation du milieu » comme le définit « la psychologie objective », mais essayer de comprendre comment nos sens de la perception, de l'entendement (la production d'idées) et de la sensibilité (avec les ondes électriques du système nerveux) sont canalisés pour ne recevoir que ce qui est communicable au groupe social auquel on appartient par sa naissance. Comment peut-il exister un schéma communicant non universel à l'espèce humaine ? La musique est un révélateur majeur du conditionnement humain, dans sa production et sa réception, elle révèle l'identification perceptive d'une culture.

L'enfance (la période de maturation du nouveau-né à l'âge adulte) forme les étapes des différents conditionnements que le sens commun nomme « instincts » ou « facultés innées ». Il n'en est rien. Un embryon humain à sa naissance n'a pas l'habilité de communiquer avec un langage : il n'a que le cri pour ses besoins élémentaires : être nourri, dormir et être nettoyé de ses défécations qui occasionnent les premières gênes (les couches du XXe siècle qui lui collent sa défection). Un nouveau-né est dépourvu des facultés élémentaires de l'espèce humaine adulte : la locomotion debout, la communication symbolique, la libido, les facultés de perceptions, la mémoire, la faculté de penser, etc., la formation de la raison est la faculté humaine la plus lente à se développer ; et souvent, reste atrophiée. La part infantile de l'espèce humaine est de ne pouvoir achever le développement de sa raison durant sa période de vie. Comprendre, est un long cheminement qui se développe durant la totalité de son existence, bien au-delà de l'enfance. L'usage de la parole, la formation du langage se développent uniquement au contact de l'environnement humain en société : reflet de nos actions (interactions) conduites par nos croyances. Le reflet des autres éduque le conditionnement de chacun : c'est la transmission de la culture par l'imitation.

Le guide de notre achèvement d'humain inachevé s'opère par le cheminement de la confrontation à la souffrance. Mais la souffrance est (crue) éradiquée systématiquement de nos moeurs au nom du bonheur (la volonté ne suffit pas). Cette éradication médicale systématique de la souffrance : "prendre une pilule" (sic) cultive l'ignorance et l'incompétence. La souffrance est un signal, un l'outil, non une peine, qui prévient d'un changement dans son corps pour entretenir sa survie (= ne pas périr) et du groupe social ce, pour provoquer l'apparition de savoirs encore absents de nos consciences. La peur renforce la souffrance au-delà de ce que la souffrance fait souffrir, jusque dans la douleur confondue avec souffrance. La souffrance existe pour pouvoir la maîtriser et non pour l'annihiler avec des drogues. La souffrance est un message électrique à considérer. Pas une malédiction de l'existence.

La question que nous nous posons est : jusqu'à quel point sommes-nous nous-mêmes ou un être social constitué autre que nous-mêmes par nous-mêmes ?

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Quoi suis-je ?

Ce qui perçoit, ce n'est pas moi, individu sentant et pensant, mais mon conditionnement socioculturel et psychologique associé au groupe dans la culture duquel j'appartiens où je m'identifie pour qu'il me reconnaisse, savoir que j'existe. Mon corps individuel provoque la prise de perception de certaines choses et pas d'autres, selon mes besoins émis de la communauté éduquée à me reconnaitre pour l'existence même de cette communauté d'individus groupés qui se reconnaissent. Notre disposition physiologique et psychologique individuelle éduque ses « traducteurs » perceptifs à notre environnement cru perçu réel. C'est ainsi que se forme les différentes langues qui ne se comprennent pas entre elles en fonction des objets et des sujets à distinguer, pourtant les mêmes pour tous, considérés comme besoins communs et toutes autres activités particularisées par la culture particulière d'une société humaine, chacune localisée dans une situation propre et différente, dans laquelle on naît. Et la musique représente dans chaque culture ses caractéristiques audibles : la projection particulière de sens propre à sa communauté, par son comportement conditionné : éduqué. Audition formée à écouter le sens qui obéit à son conditionnement (l'écoute est une forme de l'obéissance) nous donne à entendre ce qui convient au groupe culturel auquel on appartient. Est-ce de la perception ? Non. C'est de la reconnaissance

L'uniformisation des cultures de la planète, en une seule, ne permet pas d'avoir différents accès à une réalité sensée unique qui nous échappe en permanence. Réalité qui s'accommode de nos « erreurs » permanentes de diagnostics et d'actions. C'est le paradoxe du réel impensable qui ne disparait pas, sans être perceptible, ou nous atteint de manière fragmentée quand le conditionnement "lâche" sa présence.

Nos sociétés occidentales férues de technologie favorisent la vue en la multiplication des écrans qui bouchent la regard (la fonction d'un écran est de protéger d'un excès de chaleur, de lumière, de vent, etc.). À la fois, l'éducation de la vision favorise l'illusion d'un environnement artificiel, tout en cultivant la subtilité de perception de l'organe le plus éloigné de la réalité : la vue. Sachant que les couleurs sont une création physiologique de notre perception qui n'existent pas dans le réel, celui existant en dehors de notre perception visuelle.

L'inconnu, on ne le perçoit pas, mais il reste la seule réalité constante et commune à l'humanité de notre imperception pensable.

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Une connaissance conditionnée ?

Beaucoup de savants se sont penchés sur le problème, mais aucune de leurs études ne semblent avoir touché les gens pour que chacun puisse se figurer de quoi le vivre est perçu dans nos existences quotidiennes. Quand des explications ne peuvent pas dépasser le cercle des savants, c'est qu'elles ne se vérifient pas dans notre idée de la vie, dans notre vie accoutumée au monde, même de savant mangeant ou allant aux toilettes. Bien que les idées soient dans le possible de ce qui est donné à vivre (hors de soi), les idées sont obligatoirement faussées par l'exigence de sens donné d'un point de vu (en soi) et par la motivation convaincante d'une idée convenable (pour soi) : les idées demeurent imaginées. Autrement dit : l'incompréhension hors de soi n'est pas compréhensible en soi. Faute de représentations universelles qui devrait concorder avec les différentes compréhensions contextuelles des hypothèses imaginées : les savants par conditionnement à un contexte paradoxal naviguent dans la difficulté, voire dans l'incapacité de savoir (au-delà de soi : du supposé perçu). Le contexte à la connaissance est obstrué par le conditionnement, dont son outil majeur est la croyance : c'est-à-dire un supposé perçu compris accepté pour tous. Nous cultivons une connaissance arbitraire puisqu'elle est conditionnée par nos limites (connaissance qui en plus dérive souvent de l'autoritarisme académique. Un dispositif compétitif de domination qui s'ajoute dans la chaîne du conditionnement) de ne pas pouvoir se penser à l'extérieur de sa condition humaine alors que nous sommes le sujet de nos pensées : « les limites du monde sont aussi nos propres limites. [...] Ce que nous ne pouvons penser, nous ne saurions le penser » (Ludwig Wittgenstein). Un savant doit se faire violence pour essayer de sortir de son conditionnement dont celles premières sont le narcissisme (en soi) et la culture restreinte (hors de soi).

Maintenant que nous avons posé une partie du contexte paradoxal du conditionnement de la connaissance, essayons de dégager une méthode d'investigation qui nous permet de reconnaître et de décrypter le conditionnement.

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Le Conditionnement

C'est un sujet très important qui se présente, il est même fondamental pour comprendre les notions de son, de musique, d'audition, de comportement et des fonctionnements des mémoires et des intelligences dans les contextes préformés dans lesquels nous vivons. Cela permet aussi de comprendre pourquoi tant de groupes humains s'ignorent dans leurs productions esthétiques et idéologiques. Essayer de comprendre pourquoi nous ne percevons pas les mêmes choses des mêmes choses, pourquoi nous nous comprenons pas : mais les plus curieux se questionnent (sans motivation déviante que celle de se comprendre)... C'est principalement à travers l'incommunicabilité avec les autres que nous prenons conscience de notre conditionnement dans le questionnement. Le fait de ne pas comprendre leurs agissements, par nos réflexes conditionnés, nous les jugeons encore insensés ou absurdes.

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Le conditionnement de la croyance de la croyance du conditionnement
ou
la croyance du conditionnement du conditionnement de la croyance :

un noeud à défaire : à comprendre.

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Comprendre : du latin « comprendere » : saisir (prendre) « saisir ensemble » et « concevoir » *

Pourquoi existe-t-il un désir ardant de vouloir comprendre ? Quelle est la motivation ? Est-ce une constatation d'incompréhensions permanentes de « moi dans mon milieu » : et principalement la création gratuite de souffrances et de frustrations dans et de l'espèce humaine ? Des attitudes contraires à l'épanouissement de soi et des autres humains et de tout être vivant. Ou est-ce se donner des outils pour construire des dispositifs où rien ne sera plus sous contrôle ni sans maîtrise ? Comprendre n'est ni percevoir ni donner ou prendre du sens pour rassurer sa présence de se savoir exister. Percevoir et donner du sens sont des projections de soi hors de soi de réceptions hors de soi sur soi. Comprendre est bien de saisir l'entente de l'entendement (merde, comment se comprendre ?) qui est une projection réceptive ou une réception projective de hors de soi en soi : un va-et-vient. Comprendre est bien de saisir le vibratoire et s'accorder en sympathie avec. Projection appelle : éjection, déjection (volcanique), perspective, trompe-l’oeil, écoute, visionnement, attraction, concert, divertissement, exécution, exhibition, représentation, image, divination, anticipation, prédiction, prévision, oracle, prophétie, pari, promesse. Projeter n'est-ce pas créer un écran d'illusions en lançant, en jetant tout ce qu'on a, avec tout ce qu'on croit ? Le sperme est pro-jeté **. Réception appelle : entrée, captage, attitude, contact, accueil, admission, initiation, adhésion, adoption, appartenance, association, intégration, retenue et fête. Pénétrer ou être pénétré ? Mâle ou femelle ? *** Voilà notre modèle dominant bien réducteur pour saisir le monde : l'équivalent et son contraire dans la limite du paradoxe. Paradoxe qui doit être résolu pour pouvoir comprendre.

 

Notes
* Comprendre : appréhender par la connaissance et être capable de faire correspondre une idée (compréhensible) à quelque chose. « Par l'espace, l'univers me comprend et m'engloutit; par la pensée, je le comprends » Blaise Pascal.
Connaître : du latin « cognoscere » : avoir présent à l'esprit, être capable de former une idée. « Toute connaissance est une réponse à une question » Gaston Bachelard. (Le Robert)
** Le Petit Robert renseigne que le verbe jeter est issu du latin populaire jectare d'une racine indo-européenne °ie-, °iek- « lancer ». Le latin jacere a servi à former de nombreux verbes qui ont donné de nombreux mots français : abject et abjection (« à rejeter »), adjectif, conjecture, déjection « ce qui est jeté dehors », éjecter, injecter « jeter dans », interjection, objecter « jeter devant » et objection, objectif, objet, projection et projectile (« jeter en avant »), rejeter (et rejet, rejeton), subjectif, trajet (de l'italien) et trajectoire, sujet, sujétion et assujettir; ce verbe latin est également à l'origine de éjaculer, jaculatoire et jactance « arrogance (de celui qui lance avec ostentation) ». Jeter a produit en français jet, jetée, jeteur, jeton, jetable, déjeter, forjeter, interjeter, surjeter (et surjet), projeter (et projet). L'anglais a emprunté au français; jet « jet (de liquide) » et « réaction (dans un moteur) », qui se retrouve dans jet-set, jet-ski, jet-stream et jumbo-jet. Mots de cette famille : abject, abjection, adjectif, assujettir, cathétomètre, chtouille, conjecture, déjection, déjeter, dièse, éjaculer, éjecter, forjeter, injecter, interjection, interjeter, 1. jactance, jaculatoire, jectisse, 1. jet, 2. jet, jetable, 2. jeté, jeter, jeteur, jeton, jet-set, jet-ski, jet-stream, jettatura, objecter, 1. objectif, 2. objectif, objection, objet, projectile, projection, projet, projeter, 1. rejet, 2. rejet, rejeter, rejeton, subjectif, 1. sujet, 2. sujet, 3. sujet, sujétion, surjet, surjeter, trajectoire, trajet.
*** La création de l'Univers a une forme éjaculatoire (le big bang). Les tours de verre brillantes se projettent dans le ciel comme des phallus bandant pour marquer la puissance et la domination projetée du mâle. On dit bien « l'érection d'un édifice ». La vision d'édification de la domination féminine serait-elle matérialisée par des cavernes à la place des tours ? Comment savoir ?

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Plusieurs niveaux où opère le conditionnement ?

(premier cercle de perceptions)
. Au niveau de notre constitution physiologique : des dispositifs sensoriels d'entrées et de sorties de messages.
. Au niveau de notre disposition physiologique : orientation des dispositifs sensoriels d'entrées et de sorties de messages.
. Au niveau de notre action physiologique : réactions incontrôlées dans nos réflexes et nos intuitions en fonction de la motivation.
. Au niveau du cercle familial : premiers filtres des nécessités crues : le conditionnement du réconfort ou du méconfort.

(second cercle de perceptions)
. Au niveau du cercle d'amis : les permis et les interdits apprivoisés du groupe familier qui le soudent.

(troisième cercle de perceptions)
. Au niveau de l'éducation nationale et du monde du travail : adhésion obligée à une seule certaine idée du monde conditionnement au comportement social dominant, différent selon les classes de sociétés. Nous détectons 2 types d'éducation; l'une externe, visible qui forme nos façons de penser et de percevoir et l'autre interne, invisible qui forme en nous ce « qui va de soi » qui se forme dans la familiarité du contexte.

(quatrième cercle de perceptions)
. Au niveau de l'extériorité, au-delà du familier : ... . Rien

Le premier stade de la perception détecte la présence ou l'absence. La reconnaissance est une histoire de mémoire. Percevoir n'existe pas comme on l'entend.

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Le long chemin, pas simple, que prend la vibration pour se faire entendre

Constatons aussi le long chemin physiologique que parcourt la vibration pour se faire comprendre comme son : le chemin que prend la vibration pour se faire entendre. Voici un résumé du nombre des étapes qui interprètent et transforment le signal pour qu'il devienne une sensation comprise : oreilles -> tympans -> osselets -> cellules ciliées -> neurones (nerf auditif) -> synapses (nerf électrique : zone de contact entre deux neurones) -> système nerveux central -> mémoires (traitements de reconnaissance de l'information) ; et dans le sens contraire : culture -> éducation (représentation donnée du vivre) -> adaptation -> perception -> point de vu (filtre psychologique du sens dans le temps) qui renvoient un message électrique sensé de ce qui est « nécessaire » à percevoir et « nécessairement » perçu. Avec un tel dispositif, la perception est à la fois une traduction et une interprétation du réel et une projection de sens culturels sur ce réel. Comment peut-on parler alors de « vérité scientifique » unique et déterminée ? Est-ce par dépit ou par volonté de domination en professant un savoir abusé et corrompu ? Ce qui tendrait à penser que le conditionnement agit aussi bien à l'extérieur de nous qu'à l'intérieur entre nous. Nous entendons ce que nous voulons bien entendre, et pas le reste. Encore une fois, l'expérience de la prise de son nous montre notre écoute sélective.

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Le paradoxe de la perception

Cette situation étonnante d'isolation dans laquelle nous pouvons dire : « nous sommes isolés par un contexte perceptif qui isole » n'est paradoxale que par refus de croyance. Elle est cultivée dans un contexte spécifique et particulier qui empêche toute culture de se comprendre avec une autre. C'est comme si pour pouvoir percevoir, il n'y a pas d'autres choix que de se refermer sur son environnement proche et immédiat : rejeter ce qui est différent, car imperçu et garder le même, car perçu : qui reste une opération automatisée et inconsciente : où au-delà, plus rien n'est perçu ni perceptible, mais imaginé. Au contraire, sans cette isolation nécessaire, plus rien ne serait perceptible, car rien n'aurait de sens. Nous ne pouvons pas percevoir ce qui n'a pas de sens. Cette perception pour se réaliser demande une procédure de reconnaissance (du sens admis), et sans reconnaissance pas de perception possible dans le non-sens. Le conditionnement est une sorte de modèle qu'on remplit avec des choses signifiantes, mais dont le modèle lui-même ne se modifie pas puisqu'il a la fonction de conditionner : c'est-à-dire faire que corresponde une cause fixée à un effet fixé particulièrement immuable pour être reconnu. Mais une question me tracasse, comment est-ce possible de comprendre le modèle (de la perception) par celle ou celui qui est modelé (par la perception), c'est-à-dire nous tous ? Comment un contenu peut-il penser et comprendre son contenant ?

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Une vie transculturelle

Selon les capacités de nos mémoires, nous projetons le sens de ce qui est reconnu. Plus le champ de reconnaissance est vaste comme vivre dans différents contextes culturels et plus la capacité mémoire de reconnaissances est élargie. Sinon il n'y aurait pas la capacité d'adaptation qui permet aussi la perception jusqu'à sa compréhension même partielle.

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Une pure affaire de conditionnement

La culture, la tradition, la formation des sens, l'adaptation, etc. : tout cela semble contribuer à l'expression d'un conditionnement. Comme si : les organes des sens ne peuvent fonctionner uniquement et qu'à travers un conditionnement. « Une échelle (musicale) quelconque peut servir à faire de la musique : c'est une pure affaire de conditionnement. Ce qui nous parait “naturel”, c'est simplement ce que nous avons retenu, à notre insu, à la suite d'un long apprentissage dans l'environnement où nous sommes nés et où nous avons vécu les années déterminantes de l'enfance. L'expérience montre que nous avons beaucoup de mal à effacer ce conditionnement : il faudrait pouvoir détruire ou déconnecter nos mémoires, la mémorisante surtout ! Nous avons tout naturellement tendance à penser que la “vérité” ce sont les références que nous avons en mémoire : beaucoup sont encore convaincus que “ce qu'ils sentent” intuitivement est le bon. » Émile Leipp, Acoustique et Musique, 1976, p.138.

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La culture, c'est le résultat du conditionnement

L'identité culturelle c'est reconnaître son conditionnement, mais sans pouvoir s'en débarrasser. C'est ce que nous explique Simha Aron lorsqu'il est allé essayer de comprendre dans les années 70 la musique des Pygmées Aka en Centrafrique où il reconnait que « le fonctionnel est arbitraire : c'est une convention, à l'intérieur d'une culture, tout comme le langage. Certaines transes concernent des communautés plus larges, alors qu'à 10 kilomètres, la musique qui l'a suscitée ne produira aucun effet, car le conditionnement n'y est pas le même. C'est vraiment cela l'identité culturelle : le conditionnement ». En Europe, nous pouvons constater une situation similaire, non plus d'un village à l'autre, mais d'une génération à l'autre. Le conditionnement d'une génération à l'autre est différent par distinction et refus de ressembler à la génération précédente et dont la musique est l'otage. Les modes de conditionnement passent tous les 10 ans et parfois moins comme le punk ou parfois plus comme le rap. Mais il existe un conditionnement plus global qui inclut l'attitude rebelle de chaque génération comme une tradition culturelle occidentale qui à l'âge adulte « rentre dans les rangs ».

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La perception de la musique

Une expérience insignifiante, mais bouleversante

Avec un petit exemple très simple : appliquer une musique intégrée dans notre mémoire culturelle ici le Prélude et fugue en mi bémol majeur BWV552 de Jean Sébastien Bach sur une de mes musiques créées en 2008 pour orchestre, choeur et 2 solistes : Un voyage au bout du possible de l'homme. Les notes de musique de Jean Sébastien Bach permettent l'apparition de ma musique. Les notes de musique écrites par Jean Sébastien Bach font office de fenêtres ouvertes, de filtres qui laissent passer ma musique comme un tamis temporel, mais dans la structure précise du Prélude et fugue BWV552. Le résultat (dans une application mécanique) est difficilement supportable, car le déroulement tellement évident du Prélude et fugue BWV552 joué au piano est difficilement perceptible quand le prélude et fugue BWV552 est joué avec ma musique : c'est une suite de « bruits » pénibles à l'écoute qui empêchent de percevoir la structure musicale. Avec cette expérience, nous pouvons nous rendre compte de l'immensité du conditionnement et des codes que nous avons intégrés afin de percevoir la musique. Car en supposant que notre éducation musicale soit basée sur la perception des timbres et non des hauteurs, nous considérerions une interprétation avec un instrument unique comme une fadeur ennuyeuse. Percevoir la musique est plus un conditionnement émotif et moral qu'un enregistrement mémoriel apprécié pour sa valeur esthétique.

. Téléchargez la fusion de Jean-Sébastien Bach et Mathius Shadow-Sky [mp3 9.6Mo]
. Téléchargez le Prelude et fugue en mib majeur BWV552a de Jean-Sébastien Bach [MIDI file 75Ko]
. Téléchargez l'OVO de « un voyage au bout du possible de l'homme » de Mathius Shadow-Sky [mp3 in zip 53.3Mo]

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Cette expérience de plus dément « l'écoute intelligente » de la musique où l'instrument de musique n'interfèrerait pas l'écoute de la structure de la musique, où la musique n'est écoutée que pour le déroulement de sa forme « pure » sans interférence perceptuelle en fonction de l'instrument choisi (Boulez), mais ce n'est pas le cas, car dans notre expérience, les sons de la musique appliquée (la mienne) perturbent la perception de la musique applicante (celle de Bach) qui révèle sa forme : l'écoute de la forme devient difficilement perceptible quand des timbres prennent la place des hauteurs tempérées. La même forme avec un contrepoint de timbres ne s'entend pas de la même façon qu'avec un contrepoint de hauteurs.

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Culture => isolation

La musique occidentale est un cas particulier de conditionnement comme celles des autres cultures dont notre accès à son appréciation sincère n'est pas sans difficulté : surtout en étant hors contexte (en condition touristique de domination à la recherche « d'exotismes » par exemple). Michel Doneda m'a dit un jour avoir eu le désir de rencontrer les Pygmées et de jouer du saxophone avec eux, mais les Pygmées n'entendirent pas la musique de son saxophone (sic) et Michel s'en retrouva coi. Chacun croit la musique être un « langage universel » entre les peuples étrangers est une idée fausse encore tenace. Plus les conditionnements des peuples sont isolés plus les perceptions ne se rencontrent pas, ne concordent pas : le cas d'un Français chez les Pygmées est parlant. Moi-même, j'ai eu quelques expériences en Indonésie qui est une culture moins isolée des Occidentaux du fait de sa colonisation passée par les Hollandais.

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Idéologie transculturelle

L'idéologie transculturelle (orchestre de musiciens de cultures différentes) est une forme de colonisation occidentale (l'idée vient d'ici). Pour comprendre et apprécier la musique d'une autre culture demande un temps de conditionnement nécessaire, d'adaptation voire d'éducation. Pour les comprendre toutes, il faudrait plusieurs vies. La réalisation d'une musique réellement transculturelle demande un point de ralliement où aucune culture n'est plus favorisée que l'autre au détriment de manquer de perception pour toutes celles présentes. Les musiciens participants à un tel projet doivent déjà être sortis de leur conditionnement culturel natif : avoir cultivé un autre conditionnement en vivant dans une autre culture. Le point de ralliement essentiel se trouve à la croisée de toutes ces expériences pratiques de déconditionnement.

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L'écoute, une démarche introspective d'obéissance au conditionnement ?

Notre conditionnement à l'écoute qu'il soit historique (sachant que les musiques du passé sont jouées au goût du présent : les musiques avant l'instauration du tempérament égal nous paraîtraient fausses) ou géographique ou pionnière montre notre état perceptif isolé dans le temps et dans l'espace : une île qui apparaît puis disparaît. La perception n'est pas une faculté universelle de l'humain, mais une faculté locale qui ne fonctionne que par le conditionnement local dans le temps et dans l'espace. La perception se pare obligatoirement d'une forme locale pour pouvoir fonctionner et donner la possibilité de pouvoir communiquer dans son « bain culturel ».

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L'avantage de la musique contrairement au langage est qu'elle ne désigne rien, seule une présence vibratoire fonctionnalisée pour le plaisir de l'humanité. Mais cet avantage ne sert à rien quand la musique n'est pas perçue ou n'est pas perçue comme musique, mais comme quelque chose de gênant ou d'inexistant.

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La culture c'est le conditionnement. Un modèle de comportement acquis par l'éducation consciente et inconsciente. Et reconnaître son identité culturelle c'est reconnaître chez l'autre ce conditionnement sans pouvoir se débarrasser du sien.

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Lectures
. George Berkeley : A Treatise Concerning the Principles of Human Knoledge (Principes de la connaissance humaine), 1710 (veut convaincre plus que démontrer).
http://www.gutenberg.org/ebooks/4723
. Jean Itard - Mémoire et Rapport sur Victor de l’Aveyron (1801 & 1806) .pdf 340Ko (une remise en question brillante de l'acquis et de l'inné issue des observation sur l'éducation de l'enfant sauvage) autres liens : http://classiques.uqac.ca/classiques/itard_jean/victor_de_l_Aveyron/victor.html
& http://www.gutenberg.org/ebooks/20966
. Ludwig Wittgenstein : Tractatus logico-philosophicus, 1921. http://www.gutenberg.org/ebooks/5740
. La Gestalttheorie traduit en psychologie de la forme, mais dont il serait plus juste de traduire en théorie de l'organisation de la structure, ~ 1928 : Wertheimer, Köhler, Koffka, Lewin.
. Paul Guillaume : La psychologie de la forme, 1937.
. Maurice Merleau-Ponty : Phénoménologie de la perception, 1945.
. Lucien Malson : Les enfants sauvages, 1964. Le seul ouvrage analytique sur le sujet qui pourtant est la base de la compréhension de l'Homme social.
. Jean Piaget : La psychologie de l'enfant, 1966. Six études de psychologie, 1964. Le comportement, moteur de l'évolution, 1976.
. Edward T. Hall : The Hidden Dimension (La dimension cachée), 1966. Beyond Culture (Au-delà de la culture), 1976. The Silent Language (Le langage silencieux), 1959.
. Paul Watzlawick, Janet Helmick Beavin, Don D. Jacksomn : Pragmatics of Human Communication (Une logique de la communication), 1967.
. Desmond Morris : Le singe nu, 1967. Ouvrage aux idéologies dépassées, mais avec quelques remarques toujours pertinantes.
. Paul Watzlawick : How real is real ? (La réalité de la réalité), 1976.
. Robert Frances : La perception de la musique (tonale enculturée), 1983 (ouvrage où la notion de perception est attachée à des évaluations quantitatives en terme de probabilités).
. Stephen McAdams : l'image auditive, 1985. Fusion spectrale et la création d'images auditives, 1986.
. Les « sciences cognitives » comme la neurologie se penchent plus sur une géographie du cerveau que sur une investigation de son fonctionnement.

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