Pourquoi le compositeur « fait des gammes » ?

 

Avant de composer quoi que ce soit,
il faut disposer d'une palette de possibles
retenus pour la musique envisagée.
C'est tout.

 

L'histoire du mot « gamme », qui aujourd'hui signifie : une palette de différences qui se ressemblent, commence avec la lettre G. La lettre G en grec se prononce Gamma. La lettre G identifie la gamme de sol (suite de tons qui commence par la hauteur nommée sol, du sol ? non). Appliquer des lettres aux notes de musique vient de l'Antiquité. A B C D E F G représente les 7 notes du mode à 7 tons = hepta-tonique retenu par les anciens musiciens Grecs. La si do ré mi fa sol. Le G noté au début des mélodies notées, s'est stylisé en « clé de sol » (oui) et signifie que le chant commence à la note G = sol. La clé de sol représente le registre soprano. Le G de la gamme a donné et le ton et le registre. Le mot gamme a toujours prononcé le G grec.

Rappel.
[Une gamme est un ensemble de choses qui se ressemblent dont on dispose pour en faire quelque chose. Une gamme musicale est une transposition d'un mode (un mode posé ailleurs). Un mode est un arrangement (avec les opérations de permutation et combinaison) d'une échelle (qui a au moins un intervalle différent des autres). La caractéristique de l'échelle est qu'elle se construit avec un même intervalle. Cet intervalle est la signature sonore qui donne à identifier l'échelle.] Remarque [Des 3521 modes que donne toute échelle dodécatonique (= qui répète un cycle de 12 tons) de 5 à 11 tons, seuls les modes à 5 et 7 tons retiennent l'attention (ce sont les + nombreux : 1584 ; 792 modes pentatoniques et 792 modes heptatoniques. Les modes octotoniques sont 495 et ceux nonatoniques sont 440, ceux détatoniques sont 66) [on trouve tous ces résultat avec la combinatoire, connue depuis l'Antiquité protohistorique].

Mais qu'est-ce que composer ?

Disposer un ou plusieurs cheminements entre les différentes localités (notes) de l'échelle ?
Qui se note fixe sur la partition (qui s'approprie avec le droit d'auteur et le copyright) ?
Comment peut-on s'approprier une combinaison de notes issues d'un système qui sonnent son principe ?
Le système est la théorie qui impose la systématique de ses relations fixées.
Celle de la théorie monoscalaire est hiérarchique.
...

D'où vient l'idée de hiérarchie ?

La hiérarchie est apparue après l'apparition des nombres entiers décimaux
qui en + de les considérer en tant que quantités,
« on (qui on ? Certains) a vu en eux » l'alignement en rang,
image de l'ordre ordonné donnée par la disposition croissante ou décroissante des chiffres : de l'1 à l'infini.
La vision de la série harmonique audible a pu favoriser ce classement hiérarchique décimal à partir de 1 et « du reste ».
L'ordre est la vision d'une croissance ou d'une décroissance numérique qui se perçoit dans l'alignement scalaire = équidistant :
donné par l'intervalle étalon : dans le système décimal c'est : 1.
L’idéologie de l'unité, celle où toutes les différences inacceptables se fondent dans 1 = tout, acceptable : « le meilleur de l'1 »
est ce qui a favorisé la naissance des intolérances et des peurs culturelles avec le monothéisme, le monopole, la monogamie, et le reste, et surtout : la monotonie, celle qui impose qu'un ton, qu'une tonalité (politique = comportement soumis) à la musique. Le passage d'une monotonie à une autre n'est réapparu qu'au XVIIIe siècle. La transposition d'une gamme à une autre était connue des anciens musiciens Grecs (avant l'instauration des monothéismes).

La valorisation hiérarchique de la théorie musicale monoscalaire a favorisé les 1ers intervalles au détriment des autres,
les autres étant les + éloignés de l'unité.
=> + un intervalle (multiple de l'unité) est éloigné de l'unité, + l'intolérance envahit l'écoute.
Pire pour les intervalles non-multiples.
1, 2, 3, 4, 5, etc. pour 2/1 = l'8ve, 3/2 = la 5te, 4/3 = la 4te, puis les 3ces et 2des destinées au mélodique des mélopées du chant.
La mélopée ou mélodie * est d'abord un cheminement monotonique d'une localité à une autre.
Un accord est un déplacement stratégique synchrone entre plusieurs localités en même temps.
Une polyphonie est plusieurs déplacements d'entités différentes en même temps non synchronisées (par des horaires multiples).

La croyance, la persistance de la croyance de la consonance, contre la dissonance
est une manifestation de « la peur de s'éloigner » de l'unité étalon (= de la maison).
8ve, 5te, 4te, 3ce M, 2de M, avec ses composés : 6te M et 7e M, sont les intervalles acceptables par l'effroi.
La moitié du ton, son utilisation « chromatique » (sic) = en série, est déconseillé pour ne pas susciter le malaise (sic). Le 1/2 ton (sa moitié le 1/4 est ici ignoré) ne doit servir que d'ornement. Ces règles religieuses imposées par les religieux ont été désobéies à partir de son déclin par les musiciens pendant l'ère baroque du XVIIIe siècle. Où libertines et libertés expriment la liberté retrouvée.

Si un compositeur ne se dispose qu'à proposer un cheminement (pour la monodie) ou plusieurs (pour la polyphonie), est-ce suffisant pour la musique ? Un cheminement de notes est une proposition dont l'interprète dispose. Un cheminement de notes ne suffit pas à la musique. Ni attacher un instrument de musique, à identité identifiée, pourvu d'un champ + ou - large de tolérance pour la localisation exacte (en fonction du diapason du la3=440Hz) des hauteurs de notes. Chaque instrument de musique dispose au musicien différents « modes de jeu » qui change l'identité de l'instrument. Un mode de jeu est un champ comportemental qui donne à entendre une particularité instrumentale. Pour découvrir les particularités instrumentales des instruments de musique, le compositeur n'a pas d'autres choix que de les expérimenter lui-même. Si le compositeur laisse cette responsabilité aux musiciens ou au réalisateur, c'est qu'il est étranger au monde dans lequel il propose, à hauteur de son ignorance, ce qu'il peut pour sonner la musique en devenir du présent. Tous les milieux musicaux en parallèle développent leur « mode de jeu ». La sonorité qui identifie l'instrument de musique est le « mode de jeu » qui le joue. Un instrument de musique sans musicien ne sonne pas.

...

 

Note
* Mélopée du grec « melopoiia » accouple 2 fixes, le pré- : melo = membre et su- « poiia » = faire et fabriquer. La mélopée n'est pas une ode membrée bien qu'elle s'y attache. Le sens général originel des 2 : mélodie et mélopée signifient le savoir-faire vocal à chanter la poésie.

 

 

re tour à la table : des matières

suite : accorder un instrument sur d'autres gammes

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