1983 : phénomène vibratoire inconnu
Introduction ou acceptation des PVI dans la musique
Instant Déterminé par le Contexte : IDC processing
Il m'est impossible de donner un titre à ce phénomène, car l'indicible au-delà des bords extrêmes de l'espace et du temps ne porte pas de nom
Unknown Musical Phenomena
Phénomène Musical Inconnu
musique pour guitare classique couchée et bâton de bois archant
Pour la musique, le concept d'immuabilité (partition de notes ou musique enregistrée) est la conséquence d'une pensée qui se rassure : 1. de gouverner la forme (ou de vouloir fixer un monde en perpétuel changement) et 2. de reconnaitre sa propre identité (ou de vouloir soulager la conviction d'exister pour les autres). Avec cette musique, à partir même du principe d'excitation vibratoire, vouloir fixer une forme (un déroulement) est en contradiction avec l'existence même de cette musique : le musicien qui joue de l'arcoguitare couchée est guidé par les vibrations qu'il émet de l'instrument et non par des ordres imposés hors contexte du phénomène et écrits sur du papier. Ici le vibratoire fait corps avec le musicien. C'est une musique de l'instant qui se forme de ses profondeurs vibratoires du temps et accèdent à la surface de l'audible. Le musicien joue son histoire, guidé par une multitude de vibrations résultantes de l'instrument (vibrations qui passent par des bras au corps entier qui font vibrer la guitare avec les archets de bois). Voici la formation de « Il m'est impossible de donner un titre à ce phénomène, car l'indicible au-delà des bords extrêmes de l'espace et du temps ne porte pas de nom » dont son titre donne le sens (immuable ?) de cette musique.
Il faut savoir que c'est volontairement que j'explore les phénomènes de la musique qui échappent ou qui sont difficilement saisissables avec l'idée de composer et « Il m'est impossible de donner un titre à ce phénomène, car l'indicible au-delà des bords extrêmes de l'espace et du temps ne porte pas de nom » est l'une des conséquences de mon exploration de la composition musicale. C'est une musique qui se dérobe à toute structure et processus où la musique elle-même est instructurable ou infixable sous peine d'ennui ou de gêne. Malgré ça, j'ai proposé une structuration de l'émotion appliquée au phénomène vibratoire qui est en soi une aberration*, car l'émotion ne se commande pas : elle se provoque, et dans ce cas ça signifie que l'émotion est un conditionnement. Qui comme tout conditionnement nous empêche de nous rendre compte et de comprendre de quoi il est question. Les émotions sont des réactions simples à un contexte urgent. C'est par les sensations que se développe un échange approfondi avec tout ce qui n'est pas soi.
En fait pour apprendre à jouer cette musique, j'ai proposé une méthode de jeu où chacun intervient avec son histoire. Où chacune dans la musique raconte son histoire. Le contrôle vibratoire se manifeste dans l'équilibre de l'échange des multiples amplitudes qui vont et viennent dans le champ fréquentiel provoqué par le jeu instrumental. J'ai relevé un certain nombre d'effets remarquables et reproductibles dans leurs différences que j'ai symbolisé par des signes. J'ai décomposé l'intensité musicale en position-pression-vitesse de l'archet de bois. Dont j'ai relevé les possibilités dans des cartes. Les cartes servent à se localiser tout comme mes cartes musicales qui ont la même fonction : localiser un phénomène vibratoire et le faire éclore dans l'audition.
myster shadow-sky concert ircam 1984 espace de projection
Méthode : première approche
La première rencontre est de s'installer confortablement avec en face de soi une guitare classique (à cordes de nylon) couchée prête à être auscultée avec une baguette de bois colophanée (Ø de 7 ou 8 mm et L de 40 cm). La colophane utilisée est celle pour le violoncelle, mais d'autres peuvent faire l'affaire. Bien enduire la baguette pas obligatoirement de manière homogène. Puis la poser sur les cordes et délicatement avec un geste très lent partir à l'exploration des sonorités inouïes dans les va et viens.
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Notation :
L'écriture est-ce vraiment pour se remémorer un fait ou est-ce une pratique autonome supplémentaire ? Il est vrai que dans un contexte de communication post mortem, l'écriture transmet et encombre. En Occident, c'est une tradition.
Je préfère considérer l'écriture comme une activité indépendante à la musique. L'écriture par son isolement de concevoir dans le silence de la solitude est détachée du contexte musical. La musique se crée réellement avec le rassemblement de musiciens puis d'un public. Mais aujourd'hui, l'ordinateur et la connexion isolante à Internet permettent la création sonore isolée où le paroxysme est que le musicien ne rencontre plus jamais son public.
Donc je me suis attaché à la tradition de décrire les phénomènes soniques explorés à travers l'écriture. Mais je me suis trouvé face à une difficulté, voire à une contradiction, même à une énigme : que faut-il noter ? la cause ou l'effet ? le geste ou le résultat analysé ? La tradition de l'écriture musicale occidentale prétend noter le résultat pour son exactitude. La note indique les quatre attributs voulus : hauteur précise, durée précise, mesure précise, intensité approximative, timbre de son instrument. Ici dans notre cas, dans le champ inexploré du bruit, ces anciens attributs du son demeurent insuffisants au regard de la complexité du phénomène sonique rencontré ici. Une écriture précise de l'effet reviendrait à inscrire les analyses du sonographe ou du spectrographe des physiciens. En quoi ce type d'écriture sert la musique ? En rien, car nous nous trouvons en face du paradoxe d'écrire une partition où aucun paramètre n'est fixable. Et à la fois dans l'impossibilité d'interpréter (avant) une analyse en « temps réel » au sonographe (après) : une partition est censée se lire avant une interprétation et non après. Donc décrire l'effet est paradoxal et inutile pour la musique. J'ai donc opté pour une écriture du geste qui décrit à la fois le contexte et l'action (procédé qui existe déjà et qui est nommé : tablature) agrémentée de quelques effets perceptiblement identifiables.
Plus on reste simple, plus on a de chance d'être compréhensible; est le désir de cette notation. Les 6 lignes horizontales représentent les cordes. Seules sont jouées celles qui ne sont pas pointillées. Ici, le rectangle vertical représente le mouvement de l'archet perpendiculaire; d'autres figures comme le losange et le cercle représentent d'autres mouvements possibles. H5 ou H2 indique la position du bâton de bois archet entre le chevalet et le sillet : ici à l'harmonique 5 et à l'harmonique 2. Le petit carré noir (sur le rectangle vertical) indique suivant sa position la pression du bâton archet de bois sur les cordes : en bas = pression très forte, au milieu = pression moyenne, en haut = pression faible. Si une ligne joint deux positions, la transition est progressive. Le petit triangle (sur le rectangle vertical qui se combine avec le petit carré noir) indique suivant sa position la vitesse du bâton archet de bois sur les cordes : en bas = vitesse lente, au milieu = vitesse moyenne, en haut = vitesse rapide. Si une ligne joint deux positions, la transition est progressive. Avec cette notation délimitée dans un état à la façon d'un idéogramme, permet de se constituer une collection dont la durée dépend de l'évolution du phénomène : intérêt nul = on change, grand intérêt = on reste. Le couple pression-vitesse est le décompositeur de ce que l'on connait sous le terme : intensité, mais ici, cette décomposition permet l'exploration de sa polyphonie, car plusieurs évènements, avec le bâton archet, sont sollicités en mêmes temps. Dans cette musique, il s'agit de ménager l'abondance des vibrations. Le couple pression-vitesse est la base de l'évolution et de l'épanouissement de cette musique.
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Unknown Musical Phenomena
Phénomène Musical Inconnu
ARCOGUITARES CONSORT
Il va sans dire que le concert soliste du musicien seul devrait pouvoir s'assembler en un ensemble de plusieurs musiciens jouant des guitares à cordes de nylon aux accords différents. Orchestre sans dirigeant (métronome et chef) puisque le guide de la gestuelle musicale est réalisé par les flux musculaires des contractions en détente en interaction avec le vibratoire émis par l'instrument arcoguitare.
Reconsidérons (en 2022, 39 ans après) le jeu au bâton colophané sur les cordes de nylon (filetées et non filetées)
Comment donner à comprendre avec une autre langue que la musique elle-même (qui n'est pas une langue) le jeu au bâton colophané sur les cordes tendues de la guitare à cordes en nylon ? Arco-guitar, stick-bow-guitar, désignation anglophonisée (pour être compris du monde qui comprend encore moins) qui n'aide pas à pouvoir comprendre. La situation est pourtant très simple : un bâton colophanée et une guitare à cordes en nylon couchée. Ça, ce sont les instruments.
Le résultat audible est complexe, dense, changeant, spectral ?, harmonique ? Le jeu fait apparaître et disparaître une simultanéité en succession de vibrations audibles qui se développent indépendamment les unes des autres. Le jeu consiste à accompagner leurs développements. La difficulté du jeu dans cette polysonie turbulente réside "à maintenir en vie ces différentes vibrations le + longtemps possible ensemble" sans perdre les multitudes de différences naissantes. C'est un jeu instrumental conduit par vibratoire : le lien entre l'interprète et l'instrument. Qui demande une concentration intense. La communication passe par le vibratoire qui « raconte » à s'entendre l'histoire de cette rencontre. Ce qui vibre des cordes passe par le bâton qui passe par le bras qui passe dans le corps qui de l'esprit revient comme une vague pour prendre soin à développer toutes les naissances en même temps. Tout le jeu instrumental réside à ne rien imposer. L'imposition agit la bijection et sonne monosonique : il n'y a pas ici 1 coup identifié pour 1 résultat à inscrire dans un registre. L'accompagnement des naissances vibratoires sonne polysonique. LE JEU-CONCERTation CONSISTE ICI À DECOUVRIR UN PHENOMENE VIBRATOIRE INCONNU.
- Et l'archet à crins de cheval ?
- L'archet à crins de cheval sonne pauvrement les cordes en nylon de la guitare. Un archet de crin sur la guitare à cordes de nylon ne peut pas sonner tout ça.En + du bâton,
Le jeu avec des tiges filetées apporte une autre musique qui se mélange bien avec celle des bâtons.
En + du bâton,
Un jeu à la superballe ponctue la musique de balayage des montagnes d'harmoniques, d'appel en OOO, de percussions et de cris-sages.Les lieux sur les cordes à frotter par le bâton sont localisés par
1. les positions harmoniques forment ses montagnes et
2. les positions entre-harmoniques (ou harmoniques inaudibles). La réalité est que les harmoniques des cordes habitent toute la corde à l'infini.
Chaque position sur les cordes génère différentes naissances sonnantes bien qu'elles fassent partie du même contexte sonique de la guitare.
Ça s'entend aux différentes fréquences sinusoïdales et aux différents rythmes des grincements.La partition qui ne partitionne pas, ne dessine pas des points localisés à répéter : car cette intention est impossible dans ce contexte.
Par contre, elle matrice une carte d'approche du phénomène.
Ça commence avec le mouvement du bâton sur 240 arrangements des cordes à des localités harmoniques avec sa vitesse et sa pression.Le bâton par sa forme cylindrique roule. Le bâton, par sa position sur la corde, sonne la position tout en sonnant la corde : le bâton colophané sonne au moins 2 tons. En 1983, j'avais fait un relevé des possibles. 3 mouvements du bâton sur les cordes : 1. Perpendiculaire (symbolisé par un rectangle), 2. Oblique vers soi ou s'éloignant de soi (symbolisé par un cercle, avec une petite flèche vers le bas pour vers soi, et vers le haut loin de soi) : le mouvement oblique sonne des glissandi, 3. Parallèle, passage d'une position à l'autre dans le souffle et le sifflement. Sans son le bâton roule pour changer de position. La vitesse du bâton est distinguée par 3 intentions : 1. lent, 2. moyenne et, 3. rapide (suffit et ne signifie pas qu'on ignore les intermédiaires). Pareil pour la pression du bâton : 1. forte, 2. moyenne, 3. légère (suffit et ne signifie pas qu'on ignore les intermédiaires). Les localités en dehors sont aussi considérées dans l'affaire : derrière le sillet, sur le sillet, près du sillet, pareil pour le chevalet. Ca, c'est la perception extérieure des mouvements qui se notent pour se rappeler un état du vibré retrouvable : chaque symbole contient le rassemblement des différentes notations : 6 lignes pour 6 cordes (+ ou -), une ligne pleine est une corde jouée, une ligne pointillée est une corde pas jouée (on la repousse du bâton archant avec les 5 doigts de l'autre main), le rythme du bâton archant son va-et-vient est donné par les sons naissants en développement et sa vitesse mêlée à sa pression (vitesse rapide et pression forte = fff, vitesse lente et pression légère = ppp). Dans la description des effets indépendamment des causes directes j'avais listé ce que j'avais rencontré : 1. roulement de la corde sur elle-même qui génère une infrabasse, la présence des battements entre fréquences proches, le double ton donné par le bâton archant, la multiphonie permanente qui se balade entre l'harmonique l'inharmonique entre le bruiteux et le sinusoïde, « la mélodie formantique » ou variation de filtrage spectral, « chevauchement de spectres » harmonique et inharmonique où l'un est toujours dans l'autre (en 1983, je nommais cette intention-résultat « tramation spectrale » sic), le tremblement des cordes (état avant le roulement de la corde sur elle-même générant des infrabasses). Les sinus produits ne se gênent pas de couvrir tout le champ audible. Et les illusions auditives ? Laissons-les à nous surprendre. L'autre main, quand elle n'a pas un autre bâton ou une tige filetée ou une superballe, joue à faire que des cordes sont vibrées ou pas, puis il y a la position effleurée juste derrière ou devant le bâton qui favorise l'apparition des sinus harmoniques. Dans cette massivité en turbulence, il n'est pas impossible de faire apparaître le son fondamental d'une corde. Versant équilibrant à cette densité sonore. Musique de la densité de 0 à au-delà de 42 phénomènes vibratoires simultanés identifiés.
ON NE COMMANDE RIEN,
ON EST PORTÉ PAR LA MULTITUDE VIBRANTE
QUI CHACUNE NE VEUT PAS DISPARAÎTRE
IL FAUT DONC EN PRENDRE SOIN
IL M'EST IMPOSSIBLE DE DONNER UN TITRE A CE PHENOMENE,
CAR L'INSU INNOMABLE AU-DELA DES BORDS EXTREMES DE L'ESPACE ET DU TEMPS
NE PORTE PAS DE NOM
Téléchargements :
. Albums :- Album # ObCD 02-1983 - 60:41 [mp3 58.2Mo]
- Album # ObCD 03-1985 - 51:50 (Bauhaus sonic instruments) [mp3 73Mo]
[Le concert de l'IRCAM en 1984 à été enregistré sur bande magnétique
toujours en ma possession, mais jamais publié.]
. Partition sans partition : score sans competition (1983) - en publication
- Partition manuscrite telle quelle de 131 pages pour impression (A4-paysage) et montage [pdf 36.4Mo]
- Partition à re:dessinée ? possible, mais est-ce nécessaire ?
- 2022, Reconsidération de la musique 39 ans après [pdf A3 7 pages 6Mo] •
Affiche du concert de la résurrection de la musique en 2022 [jpeg 6Mo] :
Photo de Brice Bireli après la fin du concert du 17 juin 2022 :
JE COMPOSE DES PARTITIONS INACHEVEES POUR QUE CHACUN PUISSE DANS DIFFERENTES DIRECTIONS LES CONTINUER, LES EVOLUER, LES ASSEMBLER JUSQU'A LA GENERATION SUIVANTE QUI PRENDRA LE RELAI. CES MUSIQUES NE SONT PAS PROPRIETAIRES ET CHACUN PEUT Y TRAVAILLER SANS PAYER NI COPIER.
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