l'évolution des instruments de musique
... vers le haut-parleur
La musique commence par l'instrument de la musique.
« L'évolution historique des instruments de musique » inclut l'idée de « progrès de la technique » : idée fausse qui n'a pas cours dans la musique. Les instruments de musique n'évoluent pas, ils sont conçus pour qu'ils s'adaptent à un contexte donné jusqu'à leur perfectionnement et leur raffinement c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il n'y est plus rien à faire. Puis on passe à autre chose. Mais il semble que les problèmes techniques ne soient toujours pas résolus pour nous depuis le XIXe siècle et que progrès technique soit confondu avec évolution darwinienne. La musique est le reflet de notre inadaptation à l'existence (celle qu'on déteste). La musique est le reflet de notre adaptation à l'existence (celle qu'on apprécie). L'idée de progrès se confond dans le désir de s'améliorer soi-même : d' « améliorer ses performances » pour « augmenter ses bénéfices » où le plaisir va se confondre avec l'appropriation et le « droit d'auteur ». La confusion des idées est la cause principale de notre inadaptation. Aujourd'hui, les instruments de musique sont le reflet de nos incompétences : ils ne fonctionnent pas : à cause de « problèmes techniques » et () ils sont propriétaires c'est-à-dire qu'il est impossible à ce que d'autres continuent le travail entamé pour perfectionner l'instrument : les instruments de musique aujourd'hui sont des esquisses égarées.
La « révolution du haut-parleur » permet au musicien de jouer à un endroit et que son son émet à un autre endroit : la musique avec les haut-parleurs passe par les câbles. La révolution du haut-parleur passe par la révolution du câble. Sans câbles pas de haut-parleurs. L'idée du haut-parleur a développé l'idée du réseau de diffusion (câblé) : la multiplication des haut-parleurs dans une « invasion tentaculaire » dont les poètes ont largement diffusé cette idée depuis le XIXe siècle : l'invasion des machines et de l'urbanité (acoustique). Les câbles se sont transformés, pour les très longues distances en ondes radio où chaque foyer avait un haut-parleur chez soi (une radio, une télévision, une « chaine HiFi »). Aujourd'hui, chacun a un haut-parleur dans l'oreille (en déplacement permanent) LoFi. La technologie « portable » investit notre corps au détriment de notre « maison-foyer » : notre civilisation sédentaire se transformerait-elle en civilisation nomade grâce à l'idée de l'extension du réseau (invasion de l'espace) ? Le désir de voyage individuel (avec sa maison dans son corps).
Le haut-parleur fut inventé pour élever la voix, le ton de la voix (à obéir) et à anéantir le brouhaha des voix de la foule (du peuple), mais pas pour la diffusion de la musique : d'où son nom, même si la voix des idées fait partie de la musique. En Anglais et en Allemand, haut-parleur se dit loudspeaker et lautsprecher ce qui signifie « parler fort » à la différence du Français où les « haut-parleurs » sont ceux qui parlent haut et en hauteur au-dessus (des têtes) de la foule, dans les sphères du pouvoir. Le haut-parleur a été inventé pour servir le pouvoir (au-dessus des têtes à manipuler).
La musique électronique n'a jamais émis l'émotion autant que la musique instrumentale, car ses accès, ses interfaces physiques sont trop grossières (composées principalement de potentiomètres) comparé à un instrument de musique physique aux innombrables subtilités de touché. Par contre, la musique électronique peut générer des sonorités inouïes et des inflexions acoustiques jamais rencontrées avec des instruments de musique physiques. Aussi, grâce à son énergie électrique, la musique électronique ne connait pas la fatigue musculaire et dure tant que le courant n'est pas coupé. Après plus de 30 ans de technologie musicale, nous ne sommes pas encore au point de rassembler les deux possibles de la musique instrumentale et électronique en un, afin de produire une musique bouleversante d'émotion avec des sonorités inouïes, manipulée par « un humaine » (pas par l'intermédiaire d'une machine automatique). Notons que dans la « forme » chanson, c'est la voix qui tient ce rôle émotif alors que les sons électroniques tiennent le rôle d'accompagnement instrumental automatique. Depuis la popularisation de la musique électronique, la musique est devenue « du son » voire « du gros son », où la fonction du son électronique est d'être « gros » plus qu'une musique bouleversante. Quoique les drogues aident à être bouleversé sans que la musique soit bouleversante c'est-à-dire que les drogues nous permettent de lâcher nos illusions éduquées qui nous empêchent de ressentir à être bouleversé.
Un instrument de musique n'est qu'un objet qui peut émettre du son, le fétichiser fait ressortir la bêtise permanente qui sommeille en nous. La musique n'est pas due à l'instrument de musique, mais à un ensemble de moyens qui permettent leur union : l'outil instrument associé à l'intelligence associée à la sensibilité associée à la dextérité associée à l'imagination associée à l'audace associée à... qui se retrouvent dans le geste, la manière et l'attitude et dont la musique est le reflet. Mais un instrument de musique « sonne » ou « ne sonne pas », il se donne à l'inflexion sonique, il a du « corps » de la présence ou pas. N'importe quel objet peut être un instrument de musique tant que l'objet détient ses deux qualités, ensuite c'est au musicien de lui faire raconter son histoire dans le bouleversement. La cherté d'un instrument de musique n'est pas son critère de qualité.
J'ai toujours imaginé qu'un jour la nuit je pourrai jouer de l'espace comme d'un instrument de musique. Dans les années 90, on en était pas loin : un spatialisateur 3D (un générateur de trajectoires pour les sons audibles) le SP1 d'Anadi Martel (réalisé en 1988 et que j'ai acquis en 2001) piloté avec un « Glove » MIDI (langage informatique d’échange de données musicales numériques toujours en activité depuis 1983) où les mouvements du bras, de la main et des doigts pouvaient être paramétrés pour jouer « en temps réel » d'un instrument de musique numérique MIDI dans l'air (la danse joue de l'air sans son). La complexité de paramétrage du gant (construit à partir du Glove Nintendo par ...) le rendait incontrôlable : la gestuelle générait un fatras de données hors propos. 20 ans plus tard, ces travaux ont été abandonnés pour cause de non-rentabilité : trop cher pour quelques utilisateurs-artistes « hors-normes » qui n'ont pas assez d'argent. Le marché de la technologie musicale c'est destiné alors aux amateurs : par rentabilité, plus qu'aux artistes concernés. C'est le processus de médiocratisation des outils de la musique : sans imaginaire, normé pour être vendu au plus grand nombre pour un bénéfice plus grand au détriment de l'imaginaire artistique. Des outils musicaux enfin accessibles à tous, mais sans originalité : les rênes sont données à ceux qui ne savent pas comment faire (comment se taire).
Penser le son, c'est penser en partition (en classe) : le son n'est que le résultat d'une interprétation vibratoire. Nous devrions penser la musique au-delà du son (et des notes) comme un flux vibratoire global où l'audition en est l'un des accès. Le son, c'est l'une des portes qui donne accès à la musique.
Jouer d'un instrument de musique a toujours été : manipuler des objets plus solides que l'air où plusieurs parties du corps se mettent en contact vibratoire volontaire avec l'objet de la vibration, même si l'air est le médium de l'audible humain (plus que l'eau, bien que le commandant Cousteau est propagé la fausse idée d'un océan silencieux, fausse idée contrariée par les musiques subaquatiques de Michel Redolfi) l'air est le milieu (le médium) vibré, mais secondaire : la voix se manifeste par les vibrations de ses cordes vocales dans le contexte aérien, la flûte fait vibrer les lèvres au contact de l'embouchure dont les vibrations s'échappent par l'air du tube de la flûte. Jouer de l'air manque de résistance à la jouabilité : le corps plus solide se tourne vers lui-même (cordes, lèvres, etc.), et se joue lui-même : comme la danse.
La musique commence par l'instrument mu puis si puis ca puis li puis sé.
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