la lampe archisonique

the musical anglepoise [3] lamp

 

La longue histoire de la lampe archisonique : la lampe d'architecte instrument de musique (1980 - 2007)
2011 possible renaissance où le métal c'est transformé en bois...

la lampe archisonique en 1995 vue du dessus

La lampe Anglepoise (ou lampe d'architecte) est une lampe à bras orientable maintenue par des ressorts qui fut conçue par le designer anglais George Carwardine en 1932. L'idée de départ, déjà développée ailleurs de vouloir explorer la musique au-delà de ce qui est donné (au-delà des instruments de musique manufacturés et des partitions de notes traditionnelles) m'a poussé à prendre des décisions audacieuses dont la lampe d'architecte musicale est un exemple. La musique concrète utilisait l'objet (sonore) pour ses musiques sur bandes magnétiques, mais leurs concerts de sons enregistrés à regarder les haut-parleurs manquait de vie. L'idée de passer à l'acte scénique du jeu instrumental avec les objets sonores devenait pour moi une nécessité. Mauricio Kagel était passé par le bricolage, mais personne n'osait utiliser encore des objets quotidiens comme instrument de musique à part entière. La fascination du son des ressorts de ma lampe d'architecte m'y poussa. 1980 : le premier ready-made musical : la lampe Anglepoise musicale.

Le projet initial était de constituer un orchestre (un consort) de lampes d'architecte dont l'idée était développée à travers la « partition » [1] Ludus Musicae Temporarium [2] basée sur le jeu de société (society game: destiné à la sociabilité humaine). Pour accéder à la jouabilité de l'objet comme instrument de musique, il a fallu définir ses différents accès : les façons de la jouer. Les actions liées aux sons résultants. Les manières.

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La lampe archisonique est un instrument de musique qui possède une palette de sonorités et de jeux qui se prêtent à la modification constante. La lampe archisonique est un instrument de musique qui évolue avec et selon son musicien.

 

première lampe d'architecte instrument de musique : 1980accessoires de jeu de la première lampe d'architecte instrument de musique : 1980
1ère génération, la lampe archisonique est un ready-made tel quel : 1980.

la lampe archisonique de la seconde générationla lampe archisonique, jeu pinçage corde, élastique, ressortla lampe archisonique jouée avec 2 archets
2ème génération, la lampe archisonique est un instrument complexe composé de ressorts, cordes diverses, élastiques, tiges diverses, etc. : 1990.

la lampe archisonique en 1997 avec ses accessoires, son préampi, etc.la lampe archisonique, scéance de soudure des micros de contact
La table de jeu des 2 Joueurs de Lampe 5000 ans après avec les 2 lampes archisoniques, leurs accessoires, leurs préamplis dans le studio du centrebombe en 1996.

la lampe archisonic en bois de la troisième générationarchisonic lamp generation 3 en bois détailThe 3rd generation of the Archisonic Lamp at STEIM (Netherland)
3ème génération, la lampe archisonique est en bois et n'éclaire plus, mais elle est plus légère et à la sonorité plus chaude : 2007.

la lampe archisonique, une tangente abandonnéela lampe archisonique, une alternative abandonnéela lampe archisonique, une possibilité à 3 bras abandonnée
Une génération de la lampe archisonique à 3 bras non-retenue : 2006.

 

En 2003, Gérard Nicollet me sollicite pour décrire l'étrange instrument de musique qu'est la lampe archisonique en activité depuis 23 ans*. C'est une excellente occasion pour communiquer aux mélomanes l'intérêt de la musique à travers la recherche de l'inouï. La recherche de l'inouï s'opère avec tout ce qui est audible en combinant les connus pour découvrir les inconnus. Le premier exemple qui me vient à l'esprit est la corde-ressort qui dans la continuité du pinçage des multiples ressorts (Pièce d’un mécanisme, aux propriétés élastiques, qui tend à reprendre sa forme initiale dès que cesse l’effort qui s’exerce sur elle propre à produire un mouvement vibratoire : la définition majeure des matériaux qui constituent les instruments de musique) et des cordes, l'accouplement donna une sonorité différente et unique. L'idée de la lampe archisonique a toujours été un lieu d'expérimentation vibratoire, comme une charpente sur laquelle s'accroche une multitude d'idées sonorisées : la lampe archisonique est un instrument de musique qui n'a jamais cessée d'évoluer. Le jeu instrumental que j'opère sur la lampe est manuel avec : le pinçage (doigts et différents plectres), le frottage (archets, tiges filetées, archets bâton de bois, etc.), la percussion (différents types de baguettes) et l'entretient (avec des ventilateurs, vibromasseurs : tout objet équipé d'un petit moteur électrique rotatif), etc. L'idée de Gérard Nicollet pour rendre le phénomène de création instrumentale compréhensible était de faire appel à Vincent Brunot afin de dessiner les instruments de musique des inventeurs collectés : par un dessin technique. Cette approche a permis à un grand nombre de mélomanes de mieux comprendre quoi est en jeu dans l'invention d'une musique du futur. La lampe archisonique, d'abord ready-made a évolué suivant la nécessité contextuelle et l'histoire de ses rencontres. Le même processus pratiqué par un autre musicien aurait donné un instrument très différent. La lampe archisonique n'est pas un objet fini, mais un instrument de musique en perpétuelle évolution : c'est un instrument qui demande à être réinventé en permanence. C'est le point le plus important de cet instrument de musique : il change constamment en fonction du musicien qui lui adjoint ses propres idées soniques de ce qu'il sait et invente.

La partie amplification électrique, à travers le micro de contact qui capture la vibration de la matière (plus rapide que dans l'air), permet de rentrer dans le monde de l'électronique, avec tout ce que la chaîne électroacoustique du micro jusqu'au haut-parleur en passant par l'ordinateur peut offrir dans la transformation des sensations sonores : filtres, compresseurs, délais (échos), saturations, combinés dans une matrice numérique jouable en MIDI (clavier, boutons, joystick, etc.) permet d'enrichir les possibilités musicales au-delà d'un simple instrument de musique**. Ma première obsession (qui demeure encore) est la localisation des déplacements des vibrations dans l'espace : créer une polyphonie de trajectoires tridimensionnelles (droite-gauche, devant-derrière, haut-bas) qui traversent (au passage) les auditeurs et compose une danse (un ballet de plusieurs sons danseurs dans l'espace non limité par la pesanteur) sonique dans l'espace. Aujourd'hui en 2011, l'utopie spatiale c'est amenuisée (beaucoup d'espérances déçues, des programmes abandonnés, l'incompréhension sur la localisation des sensations sonores dans l'espace tridimensionnel), mais il reste encore quelques initiatives et des machines rescapées ainsi que quelques programmes surround*** (pour la majorité en temps différé) qui peuvent être détournés. Les recherches sur la localisation et le déplacement des vibrations soniques dans l'espace pour la plupart ont été abandonnées. Pour les chercheurs, il manque des paramètres de contrôle qui échappent à la quantification pour la reproduction du phénomène. Constatons par exemple l'échec de « l'écoute binaurale » : offrir une écoute surround 2D avec 2 haut-parleurs (stéréo 1D) : la tentative était osée, mais n'a rien donnée****.

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Notes
[1]. La désignation « partition » ne convient pas dans ce contexte : le kalandar du génoscope : signes musicaux inscrits sur une tablette octogonale pour les lampes archisoniques : le ludus musicae temporarium !

[2]. D'abord nommée simplement Jeu de Lampes d'Architecte puis Ludus Musicum Delirium et finalement Ludus Musicae Temporarium. La désignation change, mais pas le principe musical. L'articulation orchestrale par le jeu de société. couverture du livre de musique pour les lampes archisoniques
[3] Saviez-vous que « anglepoise lamp » est une marque déposée qui n'est qu'utilisable par son propriétaire ? Ce n'est pas une blague. Je l'ai rencontré dans l'encyclopédie participative privée et sans concurrence. Le propriétaire m'a ordonné de ne plus utiliser ce nom. Ce n'est pas une blague. Arrête de rire. Alors pour dire « lampe d'architecte » en anglais, on ne peut utiliser que le nom : « balanced arm lamp » = « lampe à bras équilibré ». Oui. Arrête de rire.
* Voir son livre (avec 31 créateurs d'instruments de musique) : Les Chercheurs de Sons, éditions Alternatives 2004.
** Entre 1994 et 1997 le duo de lampes archisonique 2 Lamplayer 5000 Years After (Vincent Favre et moi-même) avec le troisième complice au pilotage des effets spéciaux (Fabrice Gares) dont les GRM Tools en plus des autres effets étaient insérés en auxiliaire dans la console de mixage pour une diffusion en mouvements quadriphoniques autour et à travers les auditeurs. Une des performances a été filmée par Philippe Courtois en 1995.
*** Je pense aux plug-ins VST les Acousmodules de Jean-Marc Duchenne
**** Malgré cela, il reste à ma connaissance 2 machines (hardware) de création de trajectoires soniques destinée à la musique (d'autres comme le Sigma1 d'ABP Tools ou l'AudioBox de Charlie Richmond sont plus destinées à la gestion de salle de spectacle) dont chacune possède ses propres particularités : je pense à l'introuvable SP1 du Québécois Anadi Martel (aussi le SP200) pour des trajectoires 3D en octophonie et l'Orfeusz de la compagnie polonaise WAF pour des trajectoires 2D en hexaphonie avec la particularité d'avoir des mouvements elliptiques (accélération et ralentissement autour de l'auditeur).

 

Téléchargements :

. la partition-jeu pour un consort de lampes d'architecte : Ludus Musicae Temporarium (1980)
. la partition-jeu pour un consort de lampes d'architecte : Ludus Musicae Temporarium (1985)
. le premier enregistrement de la lampe archisonique : Ludus Musicae Temporarium solo play (1980)
. le premier album de 2 Joueurs de Lampes 5000 ans après : 5000 years after, music from the genoscopic Kalandar (1995)
. le second album de 2 Joueurs de Lampes 5000 ans après : 2 Lamplayers aLive in New-Europe A.D. (1997)
. le premier album du joueur de lampe et les machines : Ti.me has no age (2003)
. enregistrement live d'une partie d'un concert du joueur de lampe et les machines : Inside of my aliveness (2005)
. Documents (supplémentaires) concernant la lampe archisonique (archisonic lamp). Je livre ici 22 documents manuscrits épars scannés retrouvés ici et là, durant les 31 années d'évolution de la lampe archisonique; qui j'espère permettront de mieux comprendre ce que Gérard Nicollet et Vincent Brunot ont entamé d'expliquer en 2003 et publié en 2004*. [pdf 2.7Mo]

la lampe archisonique apparaît dans les albums suivant :
. Ono Lulu Filharmonia - La Commedia Del Suono (1988)
. Myster Shadow-Sky - Strange Night with Mr Shadow-Sky (1994)
. Les Entreprises Glorifiées - le film rouge (2006)

Les concerts du joueur de lampe se sont arrêtés définitivement en 2007.

 

Liens :

. page dans ce livre décrivant le processus de création de la musique avec les lampes d'architectes devenues lampes archisoniques
. histoire du joueur de lampe (en anglais sur ce site) : the lamplayer
. le livre des joueurs de lampe (reédition mai 2015) the Book of the Lamplayers

 

Bibliographie :

. Gérard Nicollet - Les Chercheurs de Sons, éditions Alternatives 2004. (2007 an English translation by Max Lachaud)

. Sylvain Marquis - L'attitude spéculative dans les arts sonores actuels 2007

Une citation de Sylvain Marquis dans son ouvrage : « L'attitude spéculative dans les arts sonores actuels », livre rare sur les mouvements musicaux (pas tous) post musique contemporaine montre une création musicale abondante et originale qui n'a pas cessée d'inventer, mais qui est cruellement absente de scènes majeures pour être familière aux mélomanes manquants. * Page 346 : « Mathius Shadow-Sky jouant de la lampe archisonique. L'aspect hirsute et bricoleur du spectacle de l'artiste contraste avec la forte légitimité de son curriculum. Élève de Daniel Charles et de Iannis Xenakis, analyste et praticien de haut niveau, Shadow-Sky approfondit depuis plus de vingt ans son exploration de l'improbable lutherie de la lampe d'architecte. Cette situation rappelle qu'une curiosité pratique des corps sonores ne s'identifie pas forcément au fantasme d'un amateurisme artisanal bon enfant. La scientificité se trouve parfois cachée et mêlée à un dispositif spéculatif possédant plusieurs dimensions où interviennent la fantaisie autant que l'intérêt d'artiste acousticien. » Université Paris VIII 2007. lisible à http://fr.calameo.com/read/000019619acd47e8ee58f

* Après l'instauration de la « terreur culturelle » par une douce, mais ferme politique de censure (avec l'argent public), et l'instauration de la « dictature économique » qui retire toute décision à l'artiste sur son oeuvre : artiste devenu kleenex² (avec l'argent public), la musique s'est dissimulée dans l'inidentifiable : gardien de ses authenticités : elle s'est débarrassée de sa représentation. Cette perte d'identité a provoqué un morcellement dans un réseau complexe de liens transgenres qui empêche toute dénomination (beaucoup ont essayé, mais le nom se perd par non-sens). La musique est devenue innommable. Sans nom, elle ne se désigne pas. L'ingenrable est une réaction à sa mise en classes (en tant que produit de consommation à vendre). Les différentes pratiques ont brouillé les pistes de la reconnaissance traditionnelle des scènes publiques qui ne se distinguent que par anciens/modernes. Mais n'efface pas les frontières entre connu et inconnu (entre le familier et l'étranger), au contraire chaque pratique musicale marginalisée (même) possède aussi son clan, son réseau qui ne se mélange pas aux autres en forçant des désignations qui ne correspondent pas à la pratique musicale : contemporaine, électronique, improvisé, etc. La caractéristique des artistes-usurpateurs est qu'ils se regroupent. Les artistes intègres sont celles et ceux qui n'appartiennent à aucun clan. Un artiste original est un artiste indépendant.

Les gouvernements (l'argent public détourné) et le marché marketing (le monde privé de la finance d'argent public détourné) se sont emparés des débouchés de la musique. Pourquoi museler les compositeurs vivants et indépendants ? Les programmateurs vendus par lâcheté font ce que le financement (politico-économique) leur dicte de faire. Des anonymes-fonctionnaires salariés peureux aux ordres. Les gentils provocateurs de la musique du XXe siècle comme les Dieter Schnebel, John Cage, Iannis Xenakis, Luc Ferrari, et du jazz en libération et celles et ceux moins gentils et très nombreux de la vague du rock and roll, etc. avaient leur place politico-économique que les musiciens-compositeurs d'aujourd'hui (depuis la fin des années 70 du XXe siècle) n'ont plus (pour celles et ceux qui n'obéissent pas à la ligne stylistique imposée par la politique culturelle économique). Qui pour l'épanouissement de la musique est impensable, bien que cette imposition politico-économique soit banalisée par les artistes vendus (esclaves en clan) qui envahissent les scènes, les écrans, les publications, les expositions, et toute forme de communication de vente du narcissisme qui n'est ni de la musique ni de l'art.

En contrepartie, la richesse musicale dissimulée des artistes majeurs isolés dans l'inconnaissable (accès fermé de l'extérieur à leurs oeuvres, jamais de l'intérieur) une fois dévoilée, va révéler les extraordinaires de leurs créations musicales : l'esprit mouvant de la mobilité. Mais dans la seconde décade du XXIe siècle, l'étau censeur, banaliseur et médiocrateur ne s'est toujours pas encore retiré : les esclaves de la « police culturelle » obéissent toujours à protéger les intérêts du privilège de leurs maîtres en muselant les arts du vrai, la musique qui ne s'achète pas, la musique qui détient sa propre souveraineté de création : une résistance offensive destructrice qui s'oppose à la réalité du mouvement des choses, car se mouvement reconnu, annihilera toute domination. Ou la rendra obsolète. C'est en ça que tout artiste indépendant est craint.

Le livre de Sylvain Marquis est un premier pas. Un premier pas qui commence à vouloir savoir et dévoiler ce que le public des concerts a manqué depuis une quarantaine d'années : son enrichissement, son épanouissement et l'ouverture de son esprit qui vont au-delà de la musique sonore.

Note
² HOJU 1F = Humain Objet Jetable Utilisé une fois (tous les salariés sont des HOJU d'1F)

 

 

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