Réponses de Mathius Shadow-Sky aux questions de Tempora

 

LA MUSIQUE N'A PAS BESOIN D'HETERONOMIE

 

- Music property, copyright, censorship, which changes should be made to improve composers' situation?
- La propriété musicale, le droit d'auteur, la censure, quels changements opérer pour améliorer la situation des compositeurs ?
- Il faut briser la relation avec les censeurs et, devenir indépendant, faire don de sa musique et ne pas réclamer de péage à travers des organisateurs tiers. À partir de là, on pourra reconstruire un accès direct à la musique. Une démission massive de compositeurs de la SACEM serait un geste voyant qui donnerait à réfléchir à celles et ceux qui ne savent pas.

- Is the dependence to cultural institutions inevitable?
- La dépendance aux institutions culturelles étatiques est-elle inévitable ?
- L'autonomie de la musique est la seule situation qui permette sa liberté. Dans le cas contraire, c'est une hétéronomie : le fait de recevoir de l’extérieur les règles qui régissent notre comportement; c'est ce que nous vivons en ce moment. Comment est-ce possible que des intérêts politiques et économiques puissent dicter à l'artiste l'oeuvre qu'il doit faire ? C'est justement cette pratique qui a plongé les arts dans sa médiocratie.

- How music-teaching structures should improve their involvement in music of today?
- Comment améliorer l'implication des structures d'enseignement musical vis-à-vis de la musique de notre temps ?
- L'institution de l'enseignement existe pour contrarier toute initiative personnelle. L'école enseigne la discipline et l'obéissance plus qu'elle n'ouvre l'esprit à la connaissance et au savoir pour se développer. Le professorat est un bloc institutionnel défendu par des revendications salariales avec le désir de servir, d'obéir et d'être récompensé. Dans le cas contraire, l'école serait libérée. Celles et ceux qui pratiquent créativement la musique sont loin de cette volonté d'esclavage. Ce que je veux dire, est que le contexte professoral d'un conservatoire de musique interdit tout débordement en dehors de ce qui est normalisé par l'État. L'école publique est une extension du pouvoir politique et l'école privée une extension du pouvoir économique, sans compter les habitudes de la soumission culturelle des professeurs. Pour remédier à ce problème, je ne vois qu'une solution : organiser un enseignement indépendant avec celles et ceux pour qui c'est une réelle passion et une nécessité : comme en 1088 à la naissance de la première université. Il suffit de trouver des locaux (loin du pouvoir) et des équipements. Un cours d'été dans une villégiature me semble être une solution immédiate à l'enseignement de la musique qui n'est pas enseignée. Les vacances pour les gouvernants ça n'a pas de conséquences.

- How to create new organs to promote contemporay music?
- comment créer de nouveaux organes de diffusion de la musique contemporaine ?
- L'idée de « promotion » vient de la publicité et la publicité vient de ceux qui veulent vendre : les marchands. Il n'y a pas à créer d'organisation pour « promouvoir » la musique; la musique se suffit à elle-même : il suffit de désirer l'écouter. Nous ne sommes pas musiciens pour vendre la musique, mais pour la jouer. Si l'on joue, le public viendra de lui-même, c'est uniquement dans cette condition qu'il pourra s'attacher et se sentir concerné. Assez de battage publicitaire.

- Can networking in an international solidarity be a long-term solution?
- travailler en réseau dans une solidarité internationale, une solution viable sur le long terme ?
La communication avec le réseau Internet permet de ne pas se savoir seul, car majoritairement nous sommes tous contre une pratique hétéronomique : personne ne désire se faire contrôler ni se faire gouverner sa vie. C'est pourtant ce qui se passe. C'est l'activité principale de celles et ceux qui gouvernent, de maintenir cet isolement (par entre autres la propagation du mensonge) sinon ils ne pourraient pas gouverner. Je pense que la population mondiale commence à entrevoir l'intérêt du réseau (les soulèvements de l'Afrique du Nord en sont un exemple). Isolé, personne ne peut savoir ce que les autres savent : internet permet cela (malgré les offensives de censures permanentes des dominants) en plus des moteurs du type Facebook qui permettent la communication instantanée à des millions de personnes. Ça va vite.

Dans la musique, dans le monde musical, je n'ai jamais été encore témoin d'une solidarité. Si ce monde musical ne désire pas communiquer, il ne communiquera pas, même avec le réseau Internet. J'ai plusieurs expériences de solidarités que j'ai entreprises avec la musique depuis une vingtaine d'années, mais dont très peu de musiciens répondent : comme les Trans-Cultural Syn-phônê Orchestra (depuis 1996), les re:compositeurs (depuis 1996), ou la création d'un réseau de labels indépendants pour nous faire vivre (1991), ou la création d'un réseau de studios d'enregistrement qui soutiennent la création originale (1992), etc. Mais rien...

 

11 janvier 2011

 

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