Education et conception civique

 

de l'obéissance

 

 

Pour être éduqué nous devons obligatoirement être éducable, c'est-à-dire : fataliste, vierge, croyant et impressionnable. Comme quelque chose de jamais utilisé prêt à être formé : malléable et crédule. Une culture nécessaire du peuple à être dominé. Ceux qui ne savent pas parler, penser : les enfants, l'école va leurs apprendre d'être pensé par la langue et d'obéir à la discipline. Tel est le but de la formation scolaire qui à l'origine du projet de Jean Jaures d'une école publique était de former des citoyens-soldats : ne l'oublions pas. Un très grand nombre d'informations sont censurées qui menacent l'édifice politique constitué : c'est-à-dire l'exploitation d'une majorité par une minorité privilégiée pour une domination permanente de son prochain. Car ces informations ruineraient le sens de cette domination (voir le paradoxe du système électoral [1] ou du système monétaire par exemple). Ce type d'informations essentielles ne se trouvent jamais dans les manuels scolaires. Au lieu de ça, on perpétue la formation incompétente diplômante à des professeurs serviles au système dominant diplômés. « La lutte pour les privilèges ». A l'école, le savoir essentiel est censuré ou arrangé à l'avantage des dominants. Aucun professeurs ou directeurs d'école publique n'a le courage de désobéir à la domination pour le bien de leurs enfants ou trop peu qui sont vite écartés. Seules les écoles privées de l'élite s'offrent ce privilège pour enseigner à leurs enfants à dominer les autres et protéger la propriété de leurs règnes. C'est l'école des privilèges = « au-dessus » des lois. L'école publique forme à l'obéissance et à la soumission et génère des caractères mouchards, traîtres et lâches qui permettent le fonctionnement de la domination. Nous savons tous implicitement qu'une personne qui désire le pouvoir désire nuire à son prochain. Le pouvoir n'est que l'expression de la domination et cette domination se matérialise dans la frustration de ses sujets. Ce qui est étonnant, c'est comment le public peut accepter cette frustration comme une fatalité nécessaire : celle de ruiner sa vie. Toutes ces aberrations, nous vivons avec elles depuis si longtemps, piégés dans un système dont nous avons le pouvoir d'arrêter sans violence. Il suffit d'arrêter de l'alimenter, d'abord en cessant de croire tout ce qui est dit et imposé, puis de cesser d'agir dans le sens de ce système, comme arrêter de travailler et de payer : sans manifestation collective, mais tous ensemble individuellement : cela suffira pour que l'édifice de la domination s'écroule.

Gouverner ce n'est pas servir le peuple, mais garder son pouvoir : ses privilèges. Aucun peuple ne devrait déléguer et attendre d'un gouvernement qu'il le serve. Le président actuel va même jusqu'à considérer les citoyens comme ennemis des fonctionnaires. C'est une procédure politique classique que de semer la zizanie parmi le peuple pour conserver le pouvoir, puis de provoquer une guerre civile qui va justifier une dictature de pouvoir absolu par la violence : « ils ne sont pas sages, on va mettre de l'ordre » (sic). La guerre du peuple contre le peuple alors que les élites sont bien protégées (bien nourris au chaud). Le désordre ou plutôt l'ingouvernabilité (la désobéissance civile) a toujours été l'ennemi du pouvoir : mais ceux qui ne sont pas au pouvoir, en quoi ça les concerne ? L'ingouvernabilité du peuple ne concerne en rien le peuple. L'individu n'a que faire de l'hostilité et de la guerre : qui apprécie de vivre dans l'hostilité permanente et dans la peur de mourir ou d'être torturé ou violée ? Chacun cherche plutôt la bonne entente pour résoudre ses problèmes. L'hostilité ne résout rien que d'alimenter l'hostilité qui ne protège que le pouvoir politique et ne concerne en rien les individus : que leur souffrance.

Aujourd'hui les personnes politiques ne sont plus que les serviteurs du système économique mondialisé transnational. Ils obéissent aux « lois du marché » pour garder leurs privilèges. Lois de la servitude mondialisée instaurées par quelques banquiers influents. C'est au XIXe siècle que les nations « puissantes » ont délégué leurs pouvoirs monétaires aux banques en leurs délégants la gouvernance du système monétaire mondial avec d'abord l'Angleterre puis les Etats-Unis puis les autres avec les « privatisations ». Aujourd'hui avoir de l'argent et pouvoir le dépenser équivaut à une reconnaissance de dette envers les banques, car ce n'est pas les nations qui impriment leurs billets, mais les banques supervisées par la banque mondiale qui veille à ce que le système ne s'arrête pas. Les gouvernements endettent leur pays, c'est-à-dire vendent leurs citoyens (leurs potentiels de remboursements par le travail et la saisi de leurs biens) aux banques qui forment un système monopolisé et mondialisé un peu comme le jeu des « chaises musicales » : quand la musique s'arrête, une nation endettée s'effondre et plonge des millions d'individus dans la misère soudaine (comme l'Asie en 1996 ou l'Argentine en 2003). Tout le système monétaire est fondé sur la croyance que l'argent enrichit. Ce qui est faut : l'argent endette : l'argent servilise, l'argent oblige à rembourser par le « travail obligatoire ». Le chômage est une situation insupportable pour ceux qui gouvernent, car ceux-là mêmes risquent de perdre leurs avantages des prêts monétaires qu'ils ont contractés sur le dos des travailleurs-citoyens. Le chômage ne lèse en rien le travailleur-citoyen, sauf celui de ne plus servir. Travailler c'est rembourser la dette qu'a contractée le gouvernement auprès des banques privées pour maintenir ses privilèges (avec ses taux d'intérêt) et celui d'abord de régner aux « frais du contribuable » : au prix de leur peine . Il n'y a que le travailleur-citoyen qui paye sa servitude volontaire. Travailler et payer ses impôts, c'est maintenir les privilèges des dominants en payant leurs dettes aux banques privées. C'est ce qui est nommé : « faire travailler l'argent » : des milliards d'êtres humains travaillent pour rembourser les intérêts des banques privées qui ne sont que des usuriers (toute personne qui se prêtait à l'usure dans la Grèce antique était punie de prison). L'escroquerie est tellement énorme qu'elle paraît invraisemblable, incroyable, impossible aux travailleurs et contribuables. C'est encore cet « incroyable », la crédulité qui maintient toujours « le système monétaire » de cette servitude volontaire de milliards d'êtres humains.

L'émotivité est l'expression de la soumission à un acte autoritaire. On ne peut agir sous l'influence de l'émotivité. C'est un inhibiteur. De l'émotivité nait la peur qui est le second inhibiteur face à l'action. L'impressionnabilité du sujet permet de l'assujettir : à la croyance, « il croit parce qu'il ressent » quelque chose qui va le convaincre à croire ; puis à l'obéissance par la peur de désobéir. Il n'y a qu'un état infantile qui est sujet à l'émotivité. Pour qu'une nation soit obéissante, il faut donc qu'elle soit infantile. La propagande du cinéma américain est parfaite pour cela, les dictatures patriarcales aussi. La violence physique (éphémère) est une conséquence d'un excès d'émotivité, la torpeur aussi. L'émotivité collective est entretenue généralement pour des conséquences guerrières (voir les discours captivants de certains dirigeants). Déléguer son autorité à un autre est un acte infantile comme face à l'autorité parentale du père.

L'épanouissement de nos sociétés dépend uniquement de la libération des esclaves par eux-mêmes. Libération des esclaves veut dire : arrêter de croire, chercher à comprendre, arrêter de travailler pour l'argent, arrêter de payer [2]. La domination des usuriers va agoniser, sans violence car sans regroupement de protestation hostile, mais dans sa terreur de disparaître, par tous les moyens elle va essayer d'instaurer une dictature sans merci avec les lâches, les traitres et les mouchards restants. L'Eglise a installé après la domination romaine, la domination par la terreur dont les usuriers se sont emparés, mais notre société patriarcale touche irrémédiablement à sa fin : parce que des humains de bon sens ne peuvent être privés d'une vie épanouissante, sans être gouvernés. Le pouvoir doit rester vacant. Tous ceux et celles qui désirent prendre le pouvoir ne sont pas des personnes de bon sens, et devraient être suivis par la médecine pour ne pas nuire aux autres. Prendre le pouvoir doit être déconseillé par l'usage : on vit beaucoup mieux sans [3].

 

To be educated we have to be educatable, it means : virgin, believer, and impressionnable. Then it is a useful human to serve.

 

 

Notes
[1] Depuis le XVIIIe siècle nous savons grâce à Condorcet que le vote est paradoxal. Le phénomène est nommé « effet Condorcet » ou « paradoxe du vote ». Le paradoxe du vote « consiste en la formation d'une réponse collective contradictoire à partir de réponses individuelles cohérentes » (Bernard Valade). Le paradoxe du vote vient de la relation transitive (si A aime B et B aime C alors A aime C) qui ne se vérifie pas pour l'individu dans la société. Les choix collectifs ne sont pas transitifs : une assemblée peut dans un vote préférer A à B, B à C et – c'est là le paradoxe – C à A. Les préférences de l'individu ne sont pas les préférences de la société. Et les résultats du vote sont faussés par cette transition impossible, et, de constater qu' « un système électoral où la majorité l'emporte toujours est impossible » nous dit Kenneth Joseph Arrow qui parvient à la conclusion qu'un système d'élection peut conduire à des résultats très différents même si les préférences individuelles restent identiques. Le choix qualitatif ne se retrouve pas dans le résultat numérique. « Le paradoxe a d'autant plus de chances de se produire qu'est plus élevé le nombre d'électeurs et de candidats » (Nicholas Falletta). Mais un nombre de candidats élevé est nécessaire à représenter toutes les opinions dans une réelle démocratie, sinon c'est une dictature : qui n'offre pas de choix par un faux choix. « L’élection est une manière de reproduire et de perpétuer la domination d'élites sociales » (Christophe Voilliot) en dépit des électeurs croyant à un système équitable de choix. En quoi cela sert-il le public de voter la direction d'un pays avec des élites déjà en place ? La personne élue n'est jamais la personne préférée des individus votant. Le système électoral n'est pas un système équitable pour une politique communautaire de partage entre les individus dans la société. Le vote à la majorité ou à la proportionnelle n'offre aucune solution cardinale à la volonté d'élire à l'équité. Nous ne parlons même pas des fraudes invérifiables (tant que les fraudeurs ne sont pas pris, la fraude est inidentifiable). Le vote électoral est l'expression de la domination des élites qui trouvent dans le vote populaire un moyen d'affirmer leur légitimité. Le système électoral est un leurre démocratique qui maintient les élites déjà en place au pouvoir. Qui ne le savait pas ?
[2] Mais le personnage de l'avocat dans Easy Rider (1969) nous prévient : « - Et qu'est-ce qu'ils ont contre la liberté, y a que ça qui compte ! - Ah mais oui, c'est vrai, je suis bien de ton avis, y a que ça qui compte, mais en parler et être libre, c'est deux choses différentes. C'est très très dur d'être libre crois-moi quand on est un produit acheté et revendu au marché. N'essaye jamais de leur apprendre qu'ils ne sont pas libres parce qu'ils vont immédiatement se mettre à assassiner pour te prouver seulement qu'ils savent ce que c'est. Et ils font de grands discours dans lesquels ils te parleront de la liberté individuelle, seulement s'ils rencontrent un type qui est vraiment libre, ça leur fout la trouille ».
[3] « La fin du monde (grotesque et tant) prédit (2000, 2012, etc.) », n'est que le début de la fin du monde de notre cosmogonie biblique, c'est-à-dire : le début de la fin de la domination de l'homme par l'homme : nous l'espérons !

 

Mathius Shadow-Sky, mars 2010

 

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