Première maquette 3D de la SkySphere avec ses relocalisateurs sonores dont ceux à la cime ne sont pas disposés au bon endroit. Maquette réalisée par l'ingénieur Pierre Jutras. La disposition du public en « gradins de cirque » n'est pas non plus adaptée au contexte d'un concert spatial dans un édifice sphérique. Cette esquisse pour montrer l'architecture sonique dans ses prémices.
Les édifices gonflables et la musique spatiale
SPAG & Le Centre De La Bombe, une histoire inachevée...
J'ai rencontré René Jacques et Pierre Jutras de la SPAG (Société Prête aux Arts gigantesques) à Montréal en octobre 1999. A ce moment, la SPAG travaillait à la réalisation de la SkySphere, une sphère gonflable blanche de 15 mètres de hauteur (50 pieds) utilisée exclusivement comme écran sphérique géant pour projeter des images fixes et des films. Avec mon expérience de la musique spatiale et sa diffusion dans les structures gonflables qui a débuté avec Ourdission en 1983, j'ai proposé de créer une musique spatiale à l'intérieur de la Sky Sphere. A ce moment, j'essayais de placer le concert spatial des 2 Lamplayers 5000 Years After (2 Joueurs de Lampes 5000 Ans Après), alors pourquoi pas, disposer les 2 Lamplayers 5000 Years After dans la SkySphere comme base musicale spatiale. Mais le problème majeur d'une salle sphérique est : le son, d´où qu´il provienne, est ramené au milieu de la sphère (juste au dessus de nos têtes) ; l'expérience d'une conversation où sa parole se localise exclusivement au centre de la sphère ; est assez troublant ! Dans cette condition, tout travail de spatialisation du son dans l´espace (génération et perception de trajectoires sonores audibles) est brouillé : les sons en mouvement sont relocalisés au milieu de la sphère. J'imagine quels obstacles a dû braver Fritz Winckel dans le pavillon sphérique allemand à l'expo universelle d'Osaka en 1970 pour que la musique de Stockhausen soit audible dans sa spatialité. Pour résoudre cette centralisation, j'ai imaginé un « piège à sons gonflable », une sorte de ballon alvéolaire à doubles parois tendues par des élastiques forts pour créer une différence de pressions d'air dans chaque volume de la « citrouille » en vinyle transparente de 3 mètres de diamètre environ. Le piège à son est placé exactement au centre de la sphère et à la fois absorbe et reflète le son centralisé pour le décentraliser. D'autres problèmes acoustiques se posent dans un édifice sphérique, comme la génération d'échos : les parois d'une structure gonflable sont dures à l'intérieur (dû à la pression de l'air) et molles à l'extérieur. Sachant que la vitesse du son à 20°C est d'environ 3 millisecondes pour parcourir 1 mètre, notre édifice sphérique de 15 mètres de diamètre génère de multiples échos autour de 45 millisecondes. Avec notre « piège réflecteur à sons », il se génère des échos de 22,5 millisecondes. Ces échos courts offrent une acoustique très particulière comme celle des cages d'escalier ou des conteneurs PVC (les poubelles sphériques pour les bouteilles en verre par exemple). Aussi, toute structure gonflable génère un bruit blanc permanent, celui des ventilateurs de gonflage. Plus l'édifice gonflable est grand et plus les ventilateurs doivent être puissants (puissance des moteurs de brasseur d'air suffisant) pour maintenir l'édifice gonflé : avec la musique dans une structure gonflable on joue obligatoirement avec l'effet de masque acoustique. Finalement, je pense qu'il vaut mieux créer une musique adaptée en utilisant ces « troubles acoustiques » comme éléments de cette musique, mais la disponibilité pour la mise en place de la création de cette musique dans la sphère demandait des moyens au-dessus de nos « moyens » : installer la Sky Sphère pendant au moins un mois avec mes instruments de musique à l´intérieur pour que je puisse composer la musique dans le contexte avec tous les dispositifs de projection et d'absorption gonflable du son conçus pour cette circonstance. Aussi, un autre problème spatial pratique vient se poser : comment dans un édifice gonflable sans armature disposer 13 haut-parleurs à 5, 10 et 15 mètres en hauteur et les arrimer de telle manière qu´ils ne risquent pas de tomber sur le public. Sans armature, c'est impossible. Des ballons à l'hélium seraient trop gros pour maintenir le poids d'une enceinte de sonorisation : expérience faite avec « Les Voix des Airs » où le ballon gonflé à l'hélium est l'enceinte du haut-parleur. La solution est d´utiliser des « tubes gonflables relocalisateurs » de gonflage à forte pression (pour une paroi intérieure durcie) du diamètre du haut-parleur, d'y enfermer le haut-parleur et de rediriger le son au point désiré de l'extérieur de l'édifice gonflable à l'intérieur (avec le son de la propulsion de l'air du ventilateur). L'idée de faire voyager le son dans des tubes est un projet déjà exploité dans mon Tube-Spaced-System en 1985, qui utilisait des tubes rigides en PVC sur plusieurs kilomètres. De l'idée du « tube gonflable relocalisateur de sons » a germé différentes idées pour diriger le son dans l'espace. C'est à partir de ces recherches que j'ai obtenu le « Tube Sonore Gonflable » (Inflatable Sonic Tube) ouvert à ses extrémités, il déplace (dispose) le son d'un édifice gonflable à un autre et fermé devient un tube résonant sur toute sa surface. « L'Orgonfle » et la « Forêt Aquatique Haut Parleuse Pneumatique » ont été imaginés à partir des résultats de ces recherches : le comportement des vibrations audibles dans les édifices gonflables.
Liens concernés : . 2 Joueurs de Lampes 5000 Ans Après dans la SkySphere
mathius shadow-sky, Montréal année 2000 |
Liens liés :
L'ouvrage du compositeur : Dans le Ciel, le Bruit de l'Ombre
L'entrée du centre bombe
L'aventure spatiale incomplete du myster shadow-sky
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