Les Rescapés
(de l'hégémonie culturelle)

[Livret]

(L'ambiance globale de cette Urgence Opératoire est l'agacement total, la musique est sur un tempo rapide et constant de 200 battements par minutes. Nous sommes tous agacés par ceux qui veulent nous déculturer sans le savoir et des autres enculturés qui le savent. A chaque intervention de clip vidéo tout se fige : pub !)

(version 2008)

VOIX
[Chants intelligibles : Action de la voix du sens + Grimaces vocales : Action de la voix du son]
• Carole : Voix contralto (avec 2 bouquets de feuilles sèches (type herbe de riz) et 2 balais balinais)
• le Choeur de Femmes Hurlantes (8 hurleuses)
• 2 comédiennes Rescapées
• Voix Artificielles (présentent dans l'ordinateur hexasonique)
INSTRUMENTS
• batterie blast + percussions : bouquet de tiges de bambou avec feuilles, large feuille de papier suspendue à frapper secouer et déchirer, gong wadon, vitre à briser.
• guitare basse et contrebasse + percussions : galets, galets dans bac d'eau, tissu à déchirer.
• machines hexaphoniques : pilotage de l'orchestre spatialisé en polyphonie de trajectoires dans ordinateur + générateur de trajectoires aléatoires hexaphoniques : contrôle de la vitesse de la trajectoire (spatial processor d'Anadi Martel).
• voix mâle, guitare électrique modifiée (chevalet entre les deux micros), violoncelle, harmonica, percussions : verres à entrechoques (rebondissements), grosses billes de verre à rouler dans la paume, kazoo, flûte bambou de Bali.

D E R O U L E M E N T

zone des Rescapés : FERMETURE

La musique commence dans la zone des Rescapés, 30mn avant l'entrée du public dans la zone. L'entrée de la zone est fermée et le public entend la musique qui vient de la zone. Avec quelques explosions soniques.

OUVERTURE : dans l'antichambre

La musique (son mono étriqué) et la projection vidéo sur la porte d'entrée commence 30mn avant l'ouverture des portes pour pénétrer dans la zone des Rescapés de l'hégémonie culturelle. (dans l'antichambre le public prend son billet et attend l'heure d'ouverture des portes de la zone)

LA CAISSIÈRE - (à chaque spectateur) trop pauvre, très pauvre, moyennement pauvre, faiblement
pauvre, riche, ou trop riche ?
LE PUBLIC – (choisi sa classe de billet : 5, 10, 20, 50, 100, 1000 euros)
LA CAISSIÈRE - (à chaque spectateur colle une étiquette de sa classe choisie)
VOIX ARTIFICIELLE MALE AUX YEUX ET BOUCHE SANS VISAGE – (au bout de 30mn de la mélodie répété « ils sont tous gentils » à la harpe solo) Public, public, public, vous pouvez maintenant entrer (les portes de la zone des Rescapés s'ouvrent et le public ne peut que pénétrer un par un)
VOIX ET VISAGE ARTIFICIEL FEMELLE – Attention, vous entrez dans la zone des rescapés de l'hégémonie culturelle (le public entre et pénètre dans la zone en traversant le visage bleu géant)
LA CAISSIÈRE - (à chaque spectateur en détachant chaque billet) attention, vous entrez dans la zone des rescapés de l'hégémonie culturelle.

OUVERTURE de la zone des Rescapés

(Le public après avoir payé sa place et été étiqueté en fonction de sa classe sociale, pénètre la zone des Rescapés, une cité complexe de cartons avec les personnages géants de Nato. le temps que tous y pénètrent une voix robotique harmonisée les prévient de leur décision)
VOIX ARTIFICIELLE CLONEE – |: Attention, vous êtes dans la zone des Rescapés de l'hégémonie culturelle :| (dans la zone pénombre, avec le son de fond qui se ballade dans l'espace tranquillement + son du bip sinus A4 880Hz à 200 bpm (le son de fond et le bip sont constant sauf aux coupures pub) + la voix artificielle : environ 10 à 15mn de temps de pénétration)

DÉBUT de l'Urgence Opératoire

(START: clavecin joue « Ah Merde » clavecin explosif qui s'enfuit dans différentes directions + flûte Bali + trombones + chœur de nones + le Chœur de Femmes Hurlantes, environ 10mn: l'exorcisme de l'agacement)

CAROLE – Bon maintenant que tu as exorcisé ton agacement... La suite... Heureusement que le claveciniste est invisible !

VOIX ARTIFICIELLE MÂLE – |: L'agacement reste et continue :| (Da capo) + trombones doux.

(percussions atmosphériques) +
VOIX ARTIFICIELLES MÂLE + FEMELLE + COMMENTATRICES - L'excès de propagande et de manipulations de l'opinion, nous a plongé dans une schizophrénie collective. Maladie où l'on ne perçoit, que ce qui nous a été infligé durant de trop longues années. Rien d'autre. Des inepties médiocratiques, dans le but d'un brouillage complet de notre sens critique. De telle façon à ce qu'on ne perçoive plus ce qui est différent, et qu'on assimile le différent à une agression. Et qu'on réagit automatiquement par une condamnation du différent. (De l'autre). Nous, Rescapés, proposons ici un processus de déconditionnement pour que nous puissions retrouver notre liberté et notre sens critique. Personne ne se reconnaît dans cette pathologie, mais tout le monde est atteint. Nous somme tous aujourd'hui conditionnés à des comportements stéréotypés de contentement. Par peur, on applique sa propre dictature sur des actes que l'on ne comprend pas. Ce que l'on pense comprendre, renforce notre apathie et notre arrogance. Il est temps de sortir au dehors, (dans la réalité). Il n'y a rien pour nous de bon dedans, (dans les médias).

CHOEUR DE VOIX ARTIFICIELLES + CAROLE – |: There is only us :| x fois

HURLEMENT DE SOLITUDE DÉSESPÉRÉE DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES
(+ batterie jeu rapide aux balais + violoncelle longues notes aigue + basse sub)

VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Il n'y a que nous. Tous les autres ont fui. (les Femmes Hurlantes regardent en tournant autour d'elles-mêmes)
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - Ils ont tous fui, il n'y a vraiment que nous !
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - Ils ont tous quitté le projet d'un coup.
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - Au fond, mais pourquoi ?
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - quelle fut leur motivation de s'enfuir ?
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Lâcher un projet si ambitieux, où l'on avait besoin de chacun d'eux.
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - Il n'y a pas eu vraiment d'arguments solides de leurs parts, au vu de la situation.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Le bateau ne coulait pas!
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - Ils ont pratiquement tous argumenté l'absence de budget pour être payés.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - L'absence de cachets d'artistes par manque de subventions ?
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - Mais tout le monde sait que les subventions ne financent jamais les arts
originaux, autonomes et indépendants !
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - Surtout le travail d'un Shadow-Sky rebelle !
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - D'autres argumentent, qu'ils ne peuvent suivre la direction créatrice de Shadow-Sky.
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - Comment cela ?
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - Je suppose que ça doit être le sujet un peu délicat de l'opéra ?
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - L'érotisme ? Qu'y a-t-il de dangereux dans cet opéra ?
L'exposition en public de son intimité ? La politique ? Y-a-t-il une personne ici qui veuille me torturer pour
mes pensées ? Répondez !
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - Non pas vraiment.
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - Toute la collection de provocations, que Shadow-Sky y inclut, ça peut faire
peur ! Et son combat chaotique pour la liberté d'expression, ça génère la trouille dans les rangs.
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - C'est vrai que parfois il ne faut pas avoir peur des conséquences avec lui !
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Mais en fait, à part que son travail ne soit pas financé, je ne vois pas le danger de travailler avec lui.
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - C'est vrai, personne n'en veut à sa vie ou à la notre ! Personne va nous déposséder ou nous torturer ! Ou refuser de travailler avec nous parce qu'on a travaillé avec lui !
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - Et ça ne nous empêche pas de faire ce qu'on désire faire.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Tout cela ressemble à une manifestation de la peur, cette peur diffuse et constante dont chacun est infecté qui c’est mué en contentement
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - La peur de perdre quelque chose qui n'existe pas en réalité et s’en contenter
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - la peur de souffrir ? Se contenter de sa frustration.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - La peur de ne pas pouvoir y arriver, la peur de la honte, la peur de sa faiblesse face à l'ampleur du projet dans ce nouveau contexte de pauvreté et ne plus pouvoir s’en contenter
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - Pourquoi Shadow-Sky tient le cap et résiste à tous les vents ? Il est fou ou quoi ?
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - Il a ses convictions qui sont fondées, il est intègre et tient à sa liberté.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - c'est vrai que le paysage artistique aujourd'hui n'est pas folichon, c’est même un désastre.
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - certains artistes vrais perdent même leur intégrité, ils n'en peuvent plus.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - et les opportunistes se font passer pour des artistes et envahissent leurs terrains.
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - on parle d'une médiocrisation générale des arts.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - c'est même plus, c'est une débilisation de notre cité entière.
VOIX ARTIFICIELLE SOPHIE - même les résistants les plus durs n'y arrivent plus, ils lâchent prise.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - la vague immense de la médiocrité fauche tout sur son passage,
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - et nous perdons chaque jour un peu plus de notre liberté d'expression.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - la situation est très grave.

HURLEMENT DE MOTS DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES DANS LE DIALOGUE SUIVANT

VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - et tout le monde se réfugie dans le contentement de soi.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - oui, nous sommes en train de perdre notre belle cité : celle de la liberté
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - et nous ne faisons rien, Ils disent : « c’est pas grave ».
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - nous ne savons pas quoi faire, à part payer nos crédits et consommer ce qu'on nous donne à consommer et obéir.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - arrêtons d'obéir.
VOIX ARTIFICIELLE CATHY - arrêtons de nous conformer.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - arrêtons de croire que c'est normal.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - non, ce n'est pas normal, rien n'est normal et ne le sera jamais, normal.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - toutes nos relations ne sont pas normales, elles sont entendues.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - il faut refuser cette fatalité qui n'en est pas une, la fatalité est un leurre.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - oui, refuser ce quotidien normalisé qui saccage notre liberté
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - des obligations qui n'en sont pas : stop ça suffit
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Il faut se réveiller de notre engourdissement. De ne plus voir les choses comme elles sont. De les voir uniquement comme on nous apprend à les voir.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - l'expression de la fatalité n'est que l'expression de notre abandon de notre volonté.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - nous avons abandonné notre liberté et accepté la crainte par le contentement.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Si notre faux confort acquis risque de disparaître, paf, le tour est joué, il n'y a plus personne pour résister. Le monde peut s'écrouler tant que je suis dans mon faux confort à moi.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - montrez la précarité du petit confort de chacun et chacun va obéir.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - et se soumette à la volonté du pouvoir, même si ce pouvoir abuse.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - et c'est le cas en ce moment.
...

HURLEMENT DE MOTS DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES DANS LE DIALOGUE SUIVANT

VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Il faut sauver notre société.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Elle n'est pas dans de bonnes mains.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Les électeurs se laissent abuser volontairement.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Le pouvoir pour diriger la cité ne doit appartenir à personne, il faut que ça se sache : personne ne doit revendiquer le pouvoir pour l'organisation de l'humanité. Il doit être au milieu de nous tous et à personne.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Mais on tombe toujours dans le même piège, celui de la peur. La peur de manquer, parce que l'on apprend à ne pas s'assumer. Nous sommes des « vaches à lait » qui se font exploiter dans le faux confort de l'exploitation. On aime ça ! Qu'est-ce qu'on aime ça ! Qu'est-ce qu'on est heureuses dans notre mensonge misérable.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE - Il faut arrêter d'avoir peur, la mort c'est pas si terrible, la pauvreté peut être drôle, le manque total génère d'autres bonheurs, comme celui de rire de soi. C'est notre état d'esprit qu'il faut soigner et nos attitudes stéréotypées. Il faut commencer par voir notre ridicule et rire de soi. Si on touche l'absurde, c'est que ça va mieux.
VOIX ARTIFICIELLES CATHY + SOPHIE + CAROLE - Bon, on a fait assez pour eux. Viens, passons à nous maintenant.

HURLEMENT DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES +
(subito blast explosif 1mn : guitare + batterie + hurlements chaotiques : coupé par la pub)

ENTRACTE PUB 1 : jingle vocal (2 voix artificielles) puis intermède « publicitaire » vidéo 1 : « la peur de Mathius Shadow-Sky » dans tous les téléviseurs éparpillés dans la cité de cartons.
(subito blast explosif 1mn : guitare + batterie + hurlements chaotiques : terminer ce qui fut coupé par la pub)

CAROLE – Je crois que nous y sommes
CAROLE – ça y est...
CAROLE – 2008 Nous sommes rentrés de plein pied dans des années d'obscurantisme
CAROLE – on ne sait pas ni rendu compte, mais ça fait une trentaine d'années que ça a commencé
CAROLE – la bêtise et l'hypocrisie règnent, la médiocrité a pris le pouvoir
CAROLE – les enfants nés dedans, trouvent ça, normal
CAROLE – Il va falloir nous cacher, sinon nous risquons l'exil
CAROLE – mais il n'y a que des gens gentils !
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – les médiocrates
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – à vouloir se débarrasser de nous,
CAROLE – ils sont tous gentils, (à nous parquer dans le RMI,)
CAROLE – ils sont tous gentils, (mais après ?)
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – ils sont tous gentils
CAROLE – nous devons fuir la cité
CAROLE – et nous réfugier là où il n'y a personne

HURLEMENT DANS LES CARTONS DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES

ENTRACTE PUB 2 : jingle vocal (2 voix artificielles) puis intermède « publicitaire » vidéo 2 : « là commence la provocation qui raccroche le sourire à son perchoir de Mathius Shadow-Sky » dans tous les téléviseurs éparpillés dans la cité de cartons.

1er EPISODE

HURLEMENT DE MOTS DU TEXTE SUIVANT DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES

CAROLE + RESCAPEES VOIX CHUCHOTEE - La culture ça branle zéro. On est dans le branler-zéro. On trempe. Ça fait quelques emplettes. Ils foutent dedans. Qu'est-ce qui nous prend ? Ils vous causent des problèmes. On les assure du pire. Pièces et main-d'œuvre. On les branle à fond. Bras dessus bras dessous. Au-dessous de tout. On les cogne au tas. Au tas du tout culture où ça branle au plus bas.
(p.97 C. Pennequin, la ville est un trou)

HURLEMENT « OU » DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES EN POINTANT DU DOIGT UNE PERSONNE DU PUBLIC

CAROLE + RESCAPEES VOIX CHUCHOTEE -
l'eau qui a l'air d'allumer
le feu sur la terre
l'air d'allumer l'air sur le feu
l'air d'allumer sur l'eau
ce qui a l'air de s'éteindre sur terre
l'air d'allumer et d'étreindre
l'eau et le feu en l'air :
le cancer tu
questionne la santé bavarde
depuis quand sers-tu
dans la maison de sourds?
de puits en puits de vérité :
O vide en exil A mer suave
I mage E toile renversée
U topique
(Ghérasim Luca, Paralipomènes, poésie élémentaire)

CAROLE - |: Une vie bien remplie à s'attendre :|x fois (p.94 C. Pennequin, la ville est un trou)

HURLEMENT DE MOTS DU TEXTE SUIVANT DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES

CAROLE + RESCAPEES VOIX CHUCHOTEE - La télé mène une vie de con. La mienne surtout. Ma vie dedans la sienne de con. Elle m'a mené la vie dure. Une vie de con tout l'été. Je me sens maintenant tout autrement. Et la télé ne mène maintenant à rien. L'été est passé. Ma vie ne tient qu'à un fil. La vie de con continue. (p.95 C. Pennequin, la ville est un trou)

HURLEMENT DE MOTS DU TEXTE SUIVANT DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES

CAROLE + RESCAPEES VOIX CHUCHOTEE - Le téléviseur est toujours dans le salon en état de marche c'est un téléviseur classique noir et carré comme la petite boîte où je repose sur un support en bois laqué composé de deux éléments ayant la forme d'un mince livre noir ouvert à la bonne page pour faire ta dernière prière à l'écran tacite d'une couleur profonde indéfinissable le récepteur il se présente à vous par un petit compartiment peu engageant réservé aux boutons qu'on allume et qu'on éteint et qu'on allume et
qu'on éteint et qu'on allume... Ce qu'on sait pas c'est l'âge mental dix ans dix-neuviémisme conditionnel passé 2e forme psychologie de bazar tout, on entasse tout.
(p.96 C. Pennequin, la ville est un trou)

VOIX ARTIFICIELLE MÂLE – Le pouvoir culturel marchand ou politique, réduit les êtres humains à l'état de masse, Il empêchent les esprits affaiblis de discerner et de décider librement. Il introduit, un conformisme et une passivité régressive dans la masse. Des humains qui souhaitent, être fascinés, égarés et trompés, dans l'espoir confus qu'une sorte de satisfaction hypnotique leur fera oublier, un instant, le monde absurde, cruel et tragique dans lequel ils vivent.

HURLEMENT DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES (coupé par la pub)

ENTRACTE PUB 3 : jingle vocal (2 voix artificielles) puis intermède publicitaire 3 : « la télé d'Ahmed
Azzouz » + (son voix artificielle totalement denoisée, au texte incompréhensible) dans tous les téléviseurs
éparpillés dans la cité de cartons.

(LES CHIENS)

(guitare basse + batterie sur rythme soutenu du débit de paroles. Cellocubic sur gamme montante et rythme des paroles)

RESCAPÉE X - Nous sommes des chiens, mais nous avons conscience d'être des chiens, nous sommes
des chiens conscients, contrairement aux chiens, nous avons une conscience de chien qui nous fait être plus chiens que les chiens, car nous avons conscience de notre animalité, de notre chiennerie, et ça c'est la conscience, la conscience nous fait être chien,
RESCAPÉES X + Y – mais nous ne devons pas nous comporter en chiens, en animaux dociles nous devons nous comporter, car pour nous les chiens ne sont pas dociles, ils ont une conscience chienne qui vient à eux, une vraie conscience, une chiennerie, et cette chiennerie nous empêche d'être vraiment à nous-mêmes, à notre être-chien, comme nous serions si nous étions vraiment chiens, mais nous ne pouvons vraiment être nos chiens, il faut qu'on nous bouffe, qu'on bouffe notre être-chien,
RESCAPÉE Y - il faut pas laisser aboyer le chien, même s'il sait qu'il est un chien, même si on lui fait prendre conscience de ca, tout en lui enlevant toute conscience,
RESCAPÉES X + Y – on lui en fabrique une autre, une conscience en laisse, on le promène en laisse dans la conscience fabriquée de toutes pièces,
RESCAPÉE Y - il ne peut plus se dévorer entre lui,
RESCAPÉES X + Y – il ne peut plus être qu'entre chien et loup, et désirer la pâtée qu'on Lui donnera,
RESCAPÉE Y - on lui donnera sa pâtée pour qu'il se taise,
RESCAPÉES X + Y – on le caressera dans te sens du poil pour qu'il se taise, il saura qu'il est vraiment chien alors, mais seulement quand il s'endormira, quand il s'endort il sait qu'il est chien,
RESCAPÉE X - quand il s'endort il entend un bruit son oreille vibre, quand il s'endort il entend un bruit sa tête se relève, tel un chien, et c'est pour la pâtée, pour la pâtée du chien, car il reconnaît tous les bruits, tous les bruits que font Les autres chiens, les chiens qui rapportent la pâtée ou les chiens qui attendent, ils
attendent la pâtée,
RESCAPÉES X + Y – mais ils n'aboient pas, on n'aboie pas en chien, on guette, on fait silence dans son cerveau, on lui a fabriqué un silence radio pour sa cervelle, un silence pour Lui-même, pour qu'il ne s'écoute plus, et s'écouter c'est entendre aussi les bruits du dehors, le bruit des autres chiens,
RESCAPÉE Y – mais parfois on isole le chien,
RESCAPÉE X - on le met dans une niche insonorisée
RESCAPÉES X + Y – pour qu'il n'entende plus que son cœur, son cœur de chien battu, son cœur qui palpite, son palpitant canin, c'est ça qu'il peut encore écouter, le bruit de ses veines canines, ses pulsations cardiaques de clebs,
RESCAPÉE Y – il n'entend plus que cela,
RESCAPÉE X - et c'est le vice suprême, car on lui fait entendre notre conscience, et il prend conscience de sa condition d'animal battu,
RESCAPÉES X + Y – et il prend notre conscience pour considérer sa condition d'animal apeuré, il est encore un animal traqué, |: il est encore le chien qu'on va venir battre :|,
RESCAPÉE Y – mais là on lui fait espérer la correction,
RESCAPÉE X - on lui fait souhaiter la vie de chien promise,
RESCAPÉES X + Y – on lui fait aimer la vie de chien qu'on lui mène,
RESCAPÉE X - car quand il n'entend plus rien le chien, il est désorienté,
RESCAPÉE Y – le chien n'est finalement plus lui-même,
RESCAPÉES X + Y – car il n'est plus l'autre non plus, il n'est plus ni son propre chien ni son autre, (un temps) il n'est plus qu'une gueule de chien qui pleure, qui louvoie, et qui attend de japper, on le fera japper bientôt, bientôt il pourra entendre le bruit du nonosse le chien, bientôt le nonosse sera pour lui, pour lui seul, pour sa solitude de vie de chien, sa solitude en nonosse qu'il aura tant espéré.
(p.43 44, C. Pennequin, Nous sommes des chiens, dans: pas de tombeau pour mesrine)

HURLEMENT EMPÊCHÉ DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES (bouches collées aux cartons de la cité)

CAROLE 1 – |: |: il y a ceux qui demandent et ceux qui répondent à la demande
CAROLE 2 – le problème c'est la demande :|
CAROLE 3 – |: la demande :|x fois :|

HURLEMENT DOUX DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES (à leur bébé)

ENTRACTE PUB 4 : jingle vocal (2 voix artificielles) puis intermède « publicitaire » vidéo 4 : « la fillette d'Ahmed Azzouz » (silence puis respirations de toutes (hurlantes, comédiennes, cantatrice) qui enflent) dans tous les téléviseurs éparpillés dans la cité de cartons.

RESCAPÉES + VOIX ARTIFICIELLES – |: 64 000 répétitions font la vérité :| x fois
(Aldous Huxley)
+ (accord de guitare basse cordes à vide répété irrégulièrement à 200 bpm)
+ CAROLE (dans le style médiéval) – 64 000 répétitions font la vérité, le culte de la réussite dans le mythe du succès. Toujours et toujours et toujours et toujours et toujours de faux clichés. La béatitifification du contententement d'être manipulé.

HURLEMENT DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES
(Les FEMMES HURLANTES se réfugient dans les refuges en boites de carton de la cité... on les entend longuement pleurer)

2d EPISODE

(LES CONSOMMATEURS VENDUS)
VOIX ARTIFICIELLE X – Tu savais, que maintenant le consommateur, est devenu un produit consommable ?
VOIX ARTIFICIELLE Y – comment ça ?
VOIX ARTIFICIELLE X – Les compagnies, vendent les informations personnelles, de ses consommateurs,
au réseau publicitaire international.
VOIX ARTIFICIELLE Y – ça explique les accès gratuits : c'est déjà payé !
VOIX ARTIFICIELLE X – Les accès autorisés au consommateur, sont déjà payés, par l'achat du
consommateur vendu.
VOIX ARTIFICIELLE Y+X – Tout le monde croit : personne ne réclame ! Ils ont l'esprit conquis.
Les inconscients dominés, aux esprits contrôlés. (rires).
VOIX ARTIFICIELLE Y – Eux aussi ils sont plein d'amour, plein d'amour pour leur servitude... les asservis
! Les esclaves. (rires)
VOIX ARTIFICIELLE X – C'est une population, inutile à contraindre, ils sont tellement dociles, ces
esclaves !
VOIX ARTIFICIELLE Y+X – Ils consomment pour atteindre un statut social illusoire, sans voir
qu'ils servent un système d'asservissement d'eux-mêmes. (rires).
VOIX ARTIFICIELLE Y – Il y en a qui sont malins pour se servir des autres à faire ce qu'il veulent, et en
plus ils deviennent un modèle de la réussite sociale ! (rires)
VOIX ARTIFICIELLE Y+X – Les dictateurs, se sont appropriés l'image des enchanteurs, et les
consommateurs asservis, sont béats, euphoriques et, heureux. (rires)

ENTRACTE PUB 5 : jingle vocal (2 voix artificielles) puis intermède « publicitaire » vidéo 5 : « communication de la famille Sartre de Mathius Shadow-Sky » dans tous les téléviseurs éparpillés dans la cité de cartons.

HURLEMENT DU MOT « DESASTRE » DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES (quand il apparaît dans les télévisions)

3eme EPISODE

VOIX ARTIFICIELLES MÂLE + FEMELLE + Commentateur - Les Rescapés de l'hégémonie culturelle, n'en n'ont rien à foutre de convaincre, ce qu'ils veulent c'est uniquement se connaître, pour se dire : bonjour.

(VOUS ETES TROP)

(elles tournent lentement sur soient et se meuvent avec de grands gestes larges et ralentis) +
(Trio de tubalu (quasi cloche-tube) doux puis de plus en plus violent aux sons qui se répondent : les tubalus sont suspendus seuls éloignés les uns des autres)
RESCAPÉE Y – Vous êtes trop.
RESCAPÉE X – Trop beaux.
RESCAPÉE Y – Trop dans le faire y.
RESCAPÉE X – Et dans le faire beau.
RESCAPÉE Y – Trop dans le ça - voir.
RESCAPÉE X – Vous êtes trop dépositaires. Vous allongez trop.
RESCAPÉE Y – Vous aimez trop l'épaisseur. Trop la logistique. Vous êtes trop techniques.
RESCAPÉE X – Trop dans les projets. Les institutions.
RESCAPÉE Y – Alors vous faites des blocs. Des monolithes.
RESCAPÉE X – De la morale.
RESCAPÉES Y + X – Mais laissez-nous vivre. On s'en fout des dépositions. On veut la vie. On veut
respirer. Et si l'opéra nous en empêche, on ira voir ailleurs.
RESCAPÉE X – On veut inventer.
RESCAPÉE Y – On veut inquiéter.
RESCAPÉES Y + X – On veut foutre la zone.
RESCAPÉE X – La vie nous appelle à la zone.
RESCAPÉE Y – Au naufrage de nous-mêmes.
RESCAPÉE X – Nous sommes des êtres qui de toute part déconnons.
RESCAPÉE Y – Nous déconnons de toute part et ça ne fait que commencer.
RESCAPÉE X – La déconnade est la seule contre-mesure.
RESCAPÉE Y – La contre-mesure face à ce qui nous est dit.
RESCAPÉE X – Votre pensée est la mesure qui convient trop à notre temps. Et il faut en découdre avec le
temps.
RESCAPÉE Y – L'homme est un Mesrine en puissance. C'est un être qui déconne de toute part. C'est pour
ça qu'il faut écrire des manifestes.
RESCAPÉES Y + X – Manifester pour qu'on nous foute la paix.
(der de couv, C. Pennequin, pas de tombeau pour mesrine)

HURLEMENT DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES (elles s'écroulent et pleurent puis se dévisagent et
rient)

VOIX ARTIFICIELLES MÂLE + FEMELLE + COMMENTATEUR - « La ruse des tyrans d’abêtir leurs
sujets n’a jamais été plus évidente que dans la conduite de Cyrus envers les Lydiens, après qu’il se fut
emparé de leur capitale et qu’il eut pris pour captif Crésus, ce roi si riche. On lui apporta la nouvelle que les
habitants de Sardes s’étaient révoltés. Il les eut bientôt réduits à l’obéissance. Mais ne voulant pas
saccager une aussi belle ville ni être obligé d’y tenir une armée pour la maîtriser, il s’avisa d’un expédient
admirable pour s’en assurer la possession. Il y établit des bordels, des tavernes et des jeux publics, et
publia une ordonnance qui obligeait les citoyens à s’y rendre. Il se trouva si bien de cette garnison que, par
la suite, il n’eut plus à tirer l’épée contre les Lydiens. Ces misérables s’amusèrent à inventer toutes sortes
de jeux si bien que, de leur nom même, les Latins formèrent le mot par lequel ils désignaient ce que nous
appelons passe-temps, qu’ils nommaient Ludi, par corruption de Lydi. » |: LUDIQUE est l’adjectif des
Lydiens corrompus : ludique est : soumettre le peuple sans le guerroyer :|. |: Le divertissement soumet le
peuple sans le guerroyer :|. (1548 Etienne de la Boetie a 18 ans quand il rédige le « Discours de la
Servitude Volontaire ») Dans le contrôle d'une politique culturelle, il ne peut se générer qu'une tyrannie.
Qu'elle soit violente ou douce, cela reste toujours une tyrannie : la liberté d'expression, est contrariée par
le divertissement.

FINALE

(LA FRANCE PUE)

CAROLE + RESCAPÉES Y – (Carole vocalisent affectueusement. Deux voix a capella puis la seconde fois avec batterie et guitare fortissimo et tempo au-delà de 200 bpm.)
La France pue. La France tout un peuple est dedans. C'est dans la France. La France tout ça qui pue parce qu'un peuple s'oublie. Ça s'oublie dans le peuplement. Le peuplement français. La France c'est tout un peuple fort français et ça pue. Ça pue la ressemblance la France. La remouvance. Recouvrante de l'État. C'est l'État France. Ça pue l'État car la France ça rassemble. La ressemblance rassemble. C'est le
ramassement du tout qui pue parce que ça s'oublie. Et c'est en France et pourquoi. C'est parce qu'un peuple s'est oublié dedans. Et dedans c'est ce qui est fortement français. C'est-à-dire ancré. C'est ancré dans la France de tant puer. Puer tout autant parce qu'un peuple est dedans. Et que c'est tout oubliant. Et ça s'inscrit. Tout est inscrit dans du puant français. C'est la France et ça fleure. C'est son pesant. La France pèse au bas mot tout son poids de puanterie française. Et les jeunes sont dedans. Les jeunes c'est français dans la France et ça pue tout autant. Dehors c'est la vie française. Et dedans pue pas autrement. Et les jeunes fleurent. Ça fleure la France et ça pousse. Toute une jeunesse en pousse et fleurant. La toute pleine puanterie bien de chez nous. C'est chez nous que ça pue la toute pleine France. Ailleurs moins. Mais en France le peuple s'oublie dedans. En France plus qu'ailleurs un jeune français s'oublie. Un jeune ça pue parce que c'est du français. Mais c'est surtout parce qu'un vieux s'est oublié dedans. Un vieux s'oublie dans chacun des jeunes en France. Et il s'oublie dès la naissance. Dès la naissance un vieux referme la boîte en
partant. Mais il part pas. Il s'oublie dans le renfermement. Dès qu'il y a eu des naissants en France un vieux s'est oublié dedans. Il s'est mis dedans et a plus bougé. Il a pas pris la poudre d'escampette de dedans le jeune. Il est resté. Et tout le corps français s'est mis à pourrir. Tout le corps en expédition dans le jeune. Le corps expéditionnaire français. Le vieux corps tout en expédition et perdition. Le corps français a pourri dans la jeunesse en s'oubliant. ...
(charles pennequin, la France PUE, dans, pas de tombeau pour mesrine)

HURLEMENT DU CHOEUR DE FEMMES HURLANTES
(+ guitare + batterie = hardcore + contrebasse à l'archet : furie absolue)

VOIX ARTIFICIELLES + TOUS – (Nous, Elles, Eux, et les Autres, donner des micros au public. Cellocubic deux notes répétitives à la première corde + gong wadon lent et régulier)
Si je ne vends pas
je meurs. Si tu ne vends pas
tu meurs. Si il ne vend pas
il meurt. Si nous ne vendons pas
nous mourons. Si vous ne vendez pas
vous mourez. Si ils ne vendent pas
ils meurent. Si j'achète
je jouis. Si tu achètes tu jouis. Si il achète il jouit. Si nous achetons nous jouissons. Si vous achetez vous
jouissez. Si ils achètent
ils jouissent.
Si je ne vends pas je meurs. Si j'achète je jouis. Si tu ne vends pas tu meurs. Si tu achètes tu jouis. Si il ne
vend pas
il meurt. Si il achète il jouit. Si nous ne vendons pas
nous mourons. Si nous achetons
nous jouissons. Si vous ne vendez pas
vous mourez. Si vous achetez
vous jouissez. Si ils ne vendent pas
ils meurent. Si ils achètent
ils jouissent. Si je ne vends pas
je mourrai. Si j'achète
je jouirai. Si tu ne vends pas
tu mourras. Si tu achètes
tu jouiras. Si il ne vend pas
il mourra. Si il achète
il jouira. Si nous ne vendons pas
nous mourrons. Si nous achetons
nous jouirons. Si vous ne vendez pas
vous mourrez. Si vous achetez
vous jouirez. Si ils ne vendent pas
ils mourront. Si ils achètent
ils jouiront.
Je suis mort.
je n'ai pas vendu. Tu est mort
tu n'es pas vendu. Il est mort
il n'a pas vendu. Nous sommes morts
nous n'avons pas vendu. Vous êtes mort
vous n'avez pas vendu. Ils sont morts
ils n'ont pas vendu.
J' ai acheté et j'ai joui. Tu as joui et j'ai acheté. Il a joui et tu as acheté. Nous avons joui et il a acheté.
Vous avez joui et
j'ai acheté. Ils ont joui
et nous avons acheté.
J' ai acheté et j'ai joui. Tu as joui
et j'ai acheté. Il a joui
et tu as acheté. Nous avons joui
et il a acheté. Vous avez joui
et j'ai acheté. Ils ont joui
et nous avons acheté.
Je suis morte.
je n'aie pas vendu. Tu est morte
tu n'as pas vendu. Elle est morte
elle n'a pas vendu. Nous sommes mortes
nous n'avons pas vendu. Vous êtes mortes
vous n'avez pas vendu. Elles sont mortes
Elles n'ont pas vendu.
Je fus morte parce que je n'ai pas vendu. Tu fus mort
parce que tu n'a pas vendu.
Il fut mort parce qu'elle
n'a pas vendu. Nous fûmes morts
parce que nous n'avons pas
vendu. Vous fûtes morts parce que
vous n'avez pas vendu. Elles furent mortes
parce qu'ils n'ont pas
vendu.
J'avais joui pour acheter. En achetant j'avais joui. Tu avais joui pour acheter. En achetant tu avais joui. Il
avait joui pour
acheter. En achetant il avait joui. Nous avions joui pour acheter. En achetant nous avions joui. Vous aviez
joui pour
acheter. En achetant vous aviez joui. Ils avaient joui pour acheter. En achetant ils avaient joui.
Je serai morte
parce que je n'ai pas vendu. Tu seras mort parce que
tu n'a pas vendu.
Il sera mort
parce qu'elle n'a pas vendu.
Elle sera morte parce qu'il n'a pas vendu.
Nous serons
morts parce que nous n'avons pas
vendu. Vous serez morts parce que vous n'avez pas
vendu. Ils seront morts
parce qu'elles n'ont pas vendu.
vendu. Ils seront morts vendus.
vendu. Elles seront mortes
parce qu'ils n'ont pas vendu.
vendues. elles seront mortes vendues.
étant mort c'est que je n'ai pas vendu. Ayant joui c'est que j'ai acheté. la mort vendue à jouir.
Ils sont morts vendus.
Ne vend pas sois mort. Achète et jouis. Ne vendons pas soyons morts. Achetons et jouissons. Ne vendez
pas soyez morts.
Achetez jouissez.
Sois mort ne vend pas. Vends et souffre. Souffre, le rance à vendre. Le souffle vivant du vent. Soyons
morts ne vendons
pas. Vendons et souffrons. Soyez morts ne vendez pas. Vendez et souffrez. Le vent.
Ne vend pas sois mort. Souffre. Sois mort ne vend pas. Jouis. Ne vendons pas soyons morts. Souffrons.
Soyons morts ne
vendons pas. Jouissons. Ne vendez pas
soyez morts. Soyez morts
ne vendez pas. Souffrez.
J'étais mort de jouir.
je n'ai pas vendu. T'étais mort de jouir.
tu n'as pas vendu. Il était mort de jouir.
il n'a pas vendu. Nous étions morts de jouir.
nous n'avons pas vendu. Vous étiez morts de jouir.
vous n'avez pas vendu. Ils étaient morts ils n'ont pas.
vendu leur jouissance.
Fussé-je mort je ne vendrais pas. Je ne vendrais pas fussé-je mort. Ma jouissance. Je souffrirai de jouir de
la mort. Je ne
pourrai pas
acheter la jouissance de la mort. Même si la mort de la jouissance me fait acheter.
être mort et ne pas vendre. Ne pas jouir et acheter.
Mourant je ne vends pas
mourant. Jouissant j'achète en jouissant.
Mourant je vends des mourants.
En jouissant j'achète à jouir.
Pas vendre et mourir. vendre et souffrir. acheter et
jouir.
Jouir, souffrir et
mourir.
Jouir, souffrir et mourir

FIN
(dans le bruit qui continue et extraction du public de la zone des Rescapés)

POST FINALE
(fermeture de la zone des rescapés)

Masse sonore écran (comme la masse sonore perpétuelle dans les avions ou les trains à très grande vitesse) +
VOIX ARTIFICIELLE DE VIEILLE FEMME - |: on fond, mais pourquoi ? :| Da capo... noyé dans la masse.

(Une harpe descend (lentement par poulies) : le musicien en dessous tend ses bras et la prend dans ses bras, puis s'assoit et il joue de la harpe mais sa musique est couverte par la masse sonore : son jeu est inaudible mais ses doigts sont agiles sur les cordes. A la fin de cette masse sonore qui se met à tourner de plus en plus vite, le musicien joue un accompagnement très simple sur trois notes. Le son dans les haut-parleurs disparaît et laisse place au chant acoustique)

HARPE + GONG WADON = NON AMPLIFIES + CAROLE –
Nous voyons le sang crasseux de l'homme
plein de montres, de registres
d'amours toutes faites
de complexes fatals
de limites
Avec un dégoût que nous finissons par ignorer
nous nous mouvons parmi ces figures toutes faites
connues à l'infini
hommes et femmes
chiens, écoles et montagnes
peurs et joies médiocres
révolues
Depuis quelques milliers d'années
on propage
comme une épidémie obscurantiste
l'homme axiomatique
l'homme du complexe de castration
et du traumatisme natal
(Ghérasim Luca, l'Inventeur de l'Amour, p.13)

LE CHEF – merci d'être resté dans la zone des rescapés

Mathius Shadow-Sky,
le 7 septembre 2008, corrections le 18 octobre