LA MUSIQUE du Myster Shadow-Sky alias Pomoc Do Groba

 

 

« La musique spatialisée à grandes vitesses (se déplaçant continuellement dans l'espace-temps en 4 dimensions) accentue et souligne le phénomène de l'instabilité de notre perception. Ourdission 1 (Londres 1983) a été le premier résultat concret de ma recherche sur la relativité de ce que l'on perçoit : l'expérience fut inattendue et incroyable car le son filant prenait une texture particulière : tactile. Oui, tactile. Imaginez-vous dans un canoë dévalant les rapides, sauf que le canoë est sous l'eau et qu'à la place de l'eau c'est de la musique. Le mode de spatialisation que j'avais écrit était basé sur la turbulence de l'eau (le programme fut réalisé par Laurence Casserley sur un ordinateur ZX80). La musique Ourdission projetée dans le Vaisseau d'Air Ourdission 1, je l'avais écrite pour 3 flûtes (basse, en do et piccolo). La technique d'écriture de la musique était basée aussi sur la turbulence de l'eau comme pour la spatialisation qui ne faisait qu'un avec la musique (la musique fut interprétée par Simon Desorgher).

Ma composition de la musique basée sur le phénomène de la turbulence - où tous les paramètres de la musique sont fluidement instables - , fut créée pour mettre en doute les lois acquises de perception de notre environnement musical occidental et sonique. Mes recherches m'ont conduit de la physique des fluides à l'anthropologie en passant par l'archéologie, les mathématiques, la sociologie, etc. ; pour cerner le phénomène du confort et de nos acquis culturels.

C'est pour cela que je crée des musiques dans des environnements et avec des dispositifs dédiés. Ces environnements sont des architectures éphémères, et depuis 1983 des structures gonflables aussi. L'avantage de la structure gonflable, est qu'elle offre un environnement mou où toute notion de dur et solide n'existe plus. De plus, la membrane souple tendue, aux qualités acoustiques changeantes, est idéale pour les expériences sur l'équilibre physique lié à l'audition.

Depuis tout petit, je suis fasciné par l'écoute microsonique. Quand je jouais de la guitare classique, je collais mon oreille sur la caisse de résonance pour écouter tous les détails des sons que je produisais et qui n'étaient pas perceptibles en écoute normale : macrosonique. Depuis, à la place de mon oreille, j'ai placé des capteurs de vibrations des solides (communément nommé micro de contact) pour extraire cette "matière" inaudible des sons microscopiques. Ces capteurs, je les ai placés sur tout objet susceptible de produire de la musique - et amplifié selon les lois de la macrophonie - ce qui me permit de découvrir un monde sonore jusque-là inconnu. Amplifiée à notre échelle, cette micromusique est d'un effet saisissant car l'inaudible devient audible, où la texture même de la musique prend un aspect particulier face à notre perception habituée aux sons audibles de la macromusique. Ma seconde musique microsonique fut écrite en 1983 pour guitare classique couchée, jouée avec des archets de bois. Je développais une technique de jeu propre à ce nouvel instrument extrêmement sensible au touché ainsi qu'une technique d'écriture musicale propre à ce monde microsonique. http://centrebombe.org/arcoguitar.html. Les innombrables techniques, de jeux instrumentaux et de compositions que j'ai développées sont pratiquement toutes basées sur la perception de cette micromusique : trompette, trombone, tubes à souffler, cordes à frotter, l'instrument composé sur le squelette d'une lampe d'architecte, guitare électrique, violoncelle, voix, etc. Voir les nombreux CD produits à http://centrebombe.org/ledisque.html

Musique rhizomatique. Très tôt, j'ai développé des compositions musicales qui n'avaient pas de déroulement linéaire. Peut-être est-ce grâce à Gilles Deleuze qui m'initia à sa pensée "rhizomatique", ou à la représentation matricielle des nombres complexes en mathématiques, ou à la programmation organigrammique en informatique. Le déroulement linéaire (avec un commencement et une fin) fixé sur une partition n'est qu'un résultat possible du phénomène instable des formes de la turbulence et qui dans sa durabilité devient redondant. Quand la musique dépasse une certaine durée, l'écriture linéaire est impuissante et insuffisante. Je pense à "Les Ephémérôdes Cardent des Chrônes" (1984), musique pour 7 pianos en mauvais état qui se déroule dans une architecture en forme de goutte d'eau géante où la musique se renouvelle perpétuellement car les 7 Ephémèrôdes nous racontent leur histoire du temps sans limitation dans la durée. Leurs musiques sont diffusées par des haut-parleurs planètes avec 5 chœurs placés dans des paraboles acoustiques et 2 solistes chantants autour d'une sphère de 14 microphones : l'arbre à micros forment les Atirnons Erreurs des Temps. »

Montréal, 2000.

 

 

"La musique dans l'espace qui glisse, bouge, se dédouble, dérape, s'envole est une constituante essentielle de ma micromusique turbulente
où ce que l'on croit n'est jamais ce que l'on voit mais une mer de plaisir.
"

pomoc de groba alias myster shadow-sky

liens

+ info sur le myster lui-même
Ourdission génération 2 (Montréal 2000)
Ourdission (Londres 1983)
Entrée du centrebombe
Le livre Dans le Ciel, le Bruit de l'Ombre
Discographie gratuite du myster shadow-sky
Concerts du myster shadow-sky

 

.